samedi 6 août 2016

Dieu n'aurait-il pas fini de créer ?


Dieu n'a pas fini de créer. Dit ainsi, cela ressemble aussitôt à une hérésie, à une erreur, à une ânerie face à la compréhension courante des premiers chapitres de la Bible. J'ai longtemps cru, comme la plupart d'entre nous, ce qu'on m'avait enseigné à savoir que Dieu fini de créer en 6 jours, le 7e étant le jour de son repos.
Mais je crains fort que notre lecture de la Bible soit trop rapide et trop superficielle et que nous n'en n'approfondissions pas assez son sens. A force de nous rabâcher les mêmes certitudes sans jamais les jamais vérifiées, nous avons accumulés tant de filtres devant nos yeux que l'on passe à côté de bien des richesses et que notre connaissance de la vérité en est voilée, ou tordues, ou incomplète, ou approximative. La Bible demande une lecture et une étude plus approfondie, une lecture et une réflexion. Elle se creuse toujours plus. Cela demande du temps, de la consécration, de la persévérance. Elle est une mine de trésors enfouis. Plus on creuse profond, plus le trésor est riche, beau, abondant, et plus il éclaire l'ensemble de ce que la Bible enseigne. Plus on creuse le sens des textes bibliques, sans ce contenter d'une connaissance superficielle et caricaturale, plus ces textes éclairent notre compréhension de l'existence, de la vie humaine, de la vie spirituelle, du but de Dieu, de la personne de Dieu.

Dieu n'a pas fini de créer. Voilà une vérité fondamentale oubliée. Et pourtant, cette vérité à des conséquences majeures sur notre manière de percevoir nos vies et le monde qui nous entoure. Et si je réalisais que l'Univers n'est pas fini, n'est pas abouti, que les gens autour de moi ne le sont pas non plus, que moi-même je ne suis pas « terminé » mais en train d'être créé ? Cela changerait ma perception et mon élan de coeur envers les autres. Si nous avons tant de patience et de compassion envers les enfants, c'est que nous savons qu'ils sont en train d'apprendre, qu'ils progressent, qu'ils aboutiront plus tard. Inutile d'être trop exigeant avant qu'ils n'aient atteint un certain degré de maturité. Il en est de même pour nous.

Dieu n'a pas fini de créer ? Mais pourtant il s'est reposé de son oeuvre le 7e jour, est-il écrit. Oui, mais «Dieu travaille» dit Jésus en Jean 5;17. Alors quoi ? Il travaille ou il se repose ? On nous a dit que Dieu a fini sa création au 6e jour et pourtant, des réalités apparaissent, nouvelles, de plus en plus glorieuses, au fil du déroulement du temps. On peut alors se demander : Comment des réalités nouvelles peuvent apparaître si Dieu s'est arrêté de créer ? Comment Dieu peut-il dire «Je vais faire une chose nouvelle» si il se repose ? Tout cela peut paraître bien contradictoire et nous plonger dans la confusion. Il nous faut considérer de quoi Dieu s'est reposé et que «travaille-t-il» encore ? Voyons quelques textes...

Après le sixième «jour» - la sixième étape de création, où mise en forme de l'univers physique – il est dit :

«Ainsi furent achevés le ciel et la terre, avec toute leur armée. Au septième jour, Dieu avait terminé tout l'ouvrage qu'il avait fait et, le septième jour, il chôma, après tout l'ouvrage qu'il avait fait.»
Genèse 2 versets 1 et 2.

Si on comprend bien, ce texte ne dit pas que Dieu s'est arrêté de créé définitivement, il dit simplement qu'il termina l'ouvrage qu'il avait fait. Ce qu'il termina le 6e jour, c'est ce qu'il était en train de faire depuis le jour un. C'est de ce dont Dieu vient de créer qu'il se repose. Ce repos est un arrêt de ce qui vient d'être fait pas un arrêt définitif. Et qu'est-ce qui vient d'être fait ? Que nous décrit le chapitre précédent ? C'est la mise en place de l'Univers physique, par étapes successives, jusqu'à l'être humain. C'est de cela dont Dieu s'est «reposé». Nous savons bien, connaissant Dieu selon la révélation que nous en donne la Bible qu'il ne se fatigue pas (Psaumes 121,4). Comment Dieu-tout-puissant pourrait-il avoir besoin de se reposer s'il ne se fatigue pas ? Pris au premier degré, c'est un non-sens. Nous devons tenter de saisir le sens profond.
L'explication de ce paradoxe est dans le verbe «chômer» du verset 2 du chapitre 2 de Genèse. Chômer signifie « cesser son ouvrage ». Dieu n'était pas fatigué et n'avait pas besoin de se reposer. Le sens de ce texte est tout autre, il signifie que Dieu vient de finir quelque chose. Cela marque un temps d'arrêt, qui va se rappeler dans la vie quotidienne des hommes par la mise en place du Sabbat, le jour d'arrêt à la fin d'une semaine de travail. Ce que nous décrit les deux premiers chapitres de la Genèse, c'est la création de l'Univers physique, le cadre dans lequel Dieu va poursuivre sa création. Regardons le premier verset du premier chapitre de la Genèse et donnons-lui de l'ampleur en lui secouant l'hébreux collé dans le fond :

«Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.» est une traduction trop rapide, trop simple. Elle nous enferme dans une vision trop réduite d'un fait extraordinaire. Essayons d'amplifier le texte ainsi : «Pour un commencement, Dieu créa le visible et l'invisible...» ou «Pour commencer sa création, Dieu fit le ciel et la terre...». Genèse 1 verset 1.

Cette description des six étapes de mise en place de l'Univers dans Genèse 1 n'est que le lancement d'une création bien plus grande et bien plus glorieuse. Ce n'est qu'un commencement. C'est l'établissement d'un contexte dans lequel va pouvoir germer la création ultime, finale et parfaite. C'est de cette partie de la création dont Dieu s'est reposé, qu'il a fini de mettre en place, la phase « physique ». Il a créé les éléments qui vont permettre à une semence - ce dont nous parle Jésus dans une parabole, le royaume de Dieu - de germer, de se développer, de se répandre, de parvenir à maturité et de remplir toute la création. L'univers est le jardin dans laquelle cette semence va pouvoir être planté et va pouvoir pousser jusqu'à une maturité spirituelle jusqu'à tout remplir, que Christ soit tout en tout.

Plusieurs choses apparaissent après la création d'Adam et Eve, après la description de Genèse 1, après que Dieu se soit reposé, ce qui nous révèlent que Dieu continue son oeuvre de création. Quels sont les oeuvres qui apparaissent après que Dieu se soit reposé de ce qu'il avait fait ? Premièrement, d'autres êtres humains, et pas un peu, mais des milliards. Ils sont bien sûr issus du processus de reproduction des hommes et des femmes (avec un peu plus de boulot pour les femmes quand même) mais ils sont avant tout créés par Dieu. Nous devons donc nous rendre à l'évidence, Dieu n'a pas arrêté de créé.

Une autre réalité est apparue après le 6e jour : Israël. Projet de Dieu pour y faire apparaître Jésus, le Fils de Dieu. Puis, apparaît, dans cette continuité, quelque chose de nouveau encore : l'église. Celle qui n'a rien à voir avec une organisation et une structure humaine. De Israël à l'église, il s'est passé quelque chose de gigantesque : la semence du royaume a atteint toutes les nations, tous les peuples. Elle s'étend, se développe et finira par tout remplir comme Jésus nous l'annonce. Les apôtres aussi nous parlent de quelque chose de nouveau : une nouvelle création en Jésus-Christ (2 Corinthiens 5;17), de nouveaux cieux et une nouvelle terre (Apocalypse 21;1). Voilà qui fait beaucoup de travail pour quelqu'un qui se repose, non ?
Dieu n'a pas fini de créer le 6e jour. Ce n'est pas ce que l'ensemble de la Bible nous enseigne. Dieu est en train de créer. Le 6e jour, il s'est reposé, c'est-à-dire « arrêté », des oeuvres qu'il était en train de faire et non pas de toute oeuvre.

L'Univers dans lequel nous sommes est une réalité en mouvement. Dans son fonctionnement (atomes, galaxies) comme dans son développement de la vie sur terre comme dans nos vies. De notre naissance à notre mort, rien n'est fixe, on grandit, on apprend, on progresse, on murit. Il en est de même de nos vies spirituelles, de notre naissance d'en Haut à notre mort physique (qui sera suivi de notre résurrection). Dieu, pour sa part, n'est pas en mouvement, il ne varie pas. Il ne change pas, il n'y a pas de variation en lui. Dieu est immuable (non-créé) mais nous, nous sommes en mouvement, en développement. Pourquoi en mouvement et en développement ? Parce que nous sommes en train d'être créé, nous sommes en devenir. Seul ce qui est éternel est fixe. Une création terminée est une création fixe, définitive, à laquelle plus rien ne peut être ajouté, plus rien ne peut être modifié. Ce n'est pas le cas de l'univers, de la terre et de nos vies.

Dieu est esprit, il est parfait, totale, absolu. Il est immuable, il ne change pas. Dieu crée pour lui, il crée pour la réalité dans laquelle il se trouve : une réalité éternelle, parfaite, immuable. Cet aboutissement ne sera atteint qu'à la fin d'un processus de création dont le commencement seulement nous est rapporté en Genèse 1 et la fin en Apocalypse 21.

Concernant les jours de création de Genèse 1 : Ces «jours» de création, compris à tord comme étant des séquences de 24 heures, représentent des étapes de création. Qu'est-ce qui permet d'en être certain ? Il est écrit : «Il y eu un soir et un matin...» or, entre un soir et un matin, il n'y a pas 24 heures mais 12. Il ne s'agit donc pas d'une journée de 24h. De plus, la Bible nous dit ailleurs que pour Dieu, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour. Il ne s'agit donc pas d'un compte limité d'heures et de temps, mais d'un temps repère. Si je dis : « Un jour je me marierai. » cela ne signifie pas que je serai marié 24h. C'est un repère de temps. C'est de cela dont nous parle les jours de Genèse 1, d'étapes de création dans un processus. Ces soirs-matins dont il est question nous aiguillent sur un autre élément important. Ils expriment une réalité qui se fait jour progressivement, une réalité qui s'éclaire, qui prend forme, petit à petit. «Jour» après «Jour», étape après étape, le plan de Dieu se réalise.
Concernant le septième jour - Genèse 2;3 – remarquons qu'il est le seul sans mention de «Il y eu un soir, il y eu un matin.» ce qui nous permet de penser que ce 7e jour, cette 7e étape n'est pas terminée, nous sommes dedans. Cette 7e période verra venir son matin, à la fin des temps, quand l'étoile du matin paraîtra et que tout l'Univers trouvera son accomplissement en Lui, d'une manière éternelle, c'est à dire fixe, définitive, sans plus de changement. Nous sommes en train d'être créé par Dieu et pour Dieu. Qu'y a-t-il de plus merveilleux ?

Ainsi, si vous fautez, si vous tombez, si vous échouez, si vous péchez, c'est parce que vous n'êtes pas terminé. Et les autres non plus. Seul ce qui est fixe, parfait, fini, abouti, ne chute plus. Adam/Eve, l'humanité mâle/femelle, a été créé pour devenir parfaite en Christ, c'est-à-dire à l'image de Dieu. Christ est l'image visible du Dieu invisible pas Adam. C'est pour cela qu'Adam a chuté et pas Christ. Si Adam avait été à l'image de Dieu, comme on nous l'a trop rapidement enseigné, il n'aurait jamais chuté. Lorsque Dieu dit « Faisons l'Homme à notre image », il parle de son projet de création de la Genèse à l'apocalypse et non pas de l'Homme seulement formé en Genèse. Ce « formé » n'est qu'une étape de la création qui s'abouti en Christ. Tout, y compris le « faisons l'Homme à notre image », ne s'accomplit qu'en Christ et par Christ. Cette création finale, cet aboutissement du projet de Dieu n'est rendu possible que par la croix, la mort-résurrection. C'est là qu'enfin « Tout est accompli. », que tout est créé, c'est là qu'enfin l'Homme, l'humanité peut devenir à l'image de Dieu, ce n'est pas au 6e jour mais à la fin du 7e.

Dieu n'a pas fini de nous créer.

1 commentaire:

  1. Ayant eu un commentaire à cet article sur une page facebook à laquelle je n'ai plus accès je mets un élément de réponse ici : Une personne citait la célèbre parole de l'Ecclésiaste "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil." pour dire que je me trompais en disant que Dieu crée des choses nouvelles. En réalité, ce verset ne contredit pas ce fait. Que Dieu créé des choses nouvelles n'est pas une question d'opinion mais c'est un fait avéré dans sa création en déroulement, on peut le constater. Chaque fois qu'un enfant nait, Dieu crée une personne nouvelle même si le fait qu'un être humain naisse n'est pas nouveau. Lorsque la vie est apparu, c'était quelque chose de nouveau dans l'Univers. Paul dira : "Ce qui compte c'est d'être une nouvelle création en Ieschoua le messie." alors qu'il connaissait très bien les versets d'Ecclésiaste. Mais Paul, comme les autres apôtres, n'avaient pas une compréhension étroite, doctrinale ou limité des textes bibliques, ils en avaient une compréhension saine, intelligente, éclairée et vivante (notamment parce qu'ils comprenaient l'hébreu). Il ne faut pas prendre tous les versets à la lettre mais en comprendre le sens dans le contexte. Chaque verset, chaque passage à un contexte. On peut faire beaucoup d'erreur d'interprétation, de compréhension en sortant une phrase de son contexte et en voulant la comprendre d'une manière absolue, englobant tous les sujets, toutes les situations. Une phrase peut s'appliquer à une situation et pas à une autre, à un sujet mais pas à un autre. Il faut réfléchir à ce qu'on lit et se questionner sur le sens de chaque texte.

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