Dieu n'a pas
fini de créer. Dit ainsi, cela ressemble aussitôt à une hérésie,
à une erreur, à une ânerie face à la compréhension courante des
premiers chapitres de la Bible. J'ai longtemps cru, comme la plupart
d'entre nous, ce qu'on m'avait enseigné à savoir que Dieu fini de
créer en 6 jours, le 7e étant le jour de son repos.
Mais je
crains fort que notre lecture de la Bible soit trop rapide et trop
superficielle et que nous n'en n'approfondissions pas assez son sens.
A force de nous rabâcher les mêmes certitudes sans jamais les
jamais vérifiées, nous avons accumulés tant de filtres devant nos
yeux que l'on passe à côté de bien des richesses et que notre
connaissance de la vérité en est voilée, ou tordues, ou
incomplète, ou approximative. La Bible demande une lecture et une
étude plus approfondie, une lecture et une réflexion. Elle se
creuse toujours plus. Cela demande du temps, de la consécration, de
la persévérance. Elle est une mine de trésors enfouis. Plus on
creuse profond, plus le trésor est riche, beau, abondant, et plus il
éclaire l'ensemble de ce que la Bible enseigne. Plus on creuse le
sens des textes bibliques, sans ce contenter d'une connaissance
superficielle et caricaturale, plus ces textes éclairent notre
compréhension de l'existence, de la vie humaine, de la vie
spirituelle, du but de Dieu, de la personne de Dieu.
Dieu n'a pas
fini de créer. Voilà une vérité fondamentale oubliée. Et
pourtant, cette vérité à des conséquences majeures sur notre
manière de percevoir nos vies et le monde qui nous entoure. Et si je
réalisais que l'Univers n'est pas fini, n'est pas abouti, que les
gens autour de moi ne le sont pas non plus, que moi-même je ne suis
pas « terminé » mais en train d'être créé ? Cela
changerait ma perception et mon élan de coeur envers les autres. Si
nous avons tant de patience et de compassion envers les enfants,
c'est que nous savons qu'ils sont en train d'apprendre, qu'ils
progressent, qu'ils aboutiront plus tard. Inutile d'être trop
exigeant avant qu'ils n'aient atteint un certain degré de maturité.
Il en est de même pour nous.
Dieu n'a pas
fini de créer ? Mais pourtant il s'est reposé de son oeuvre le 7e
jour, est-il écrit. Oui, mais «Dieu travaille» dit Jésus en Jean
5;17. Alors quoi ? Il travaille ou il se repose ? On nous a dit que
Dieu a fini sa création au 6e jour et pourtant, des réalités
apparaissent, nouvelles, de plus en plus glorieuses, au fil du
déroulement du temps. On peut alors se demander : Comment des
réalités nouvelles peuvent apparaître si Dieu s'est arrêté de
créer ? Comment Dieu peut-il dire «Je vais faire une chose
nouvelle» si il se repose ? Tout cela peut paraître bien
contradictoire et nous plonger dans la confusion. Il nous faut
considérer de quoi Dieu s'est reposé et que «travaille-t-il»
encore ? Voyons quelques textes...
Après le
sixième «jour» - la sixième étape de création, où mise en
forme de l'univers physique – il est dit :
«Ainsi
furent achevés le ciel et la terre, avec toute leur armée. Au
septième jour, Dieu avait terminé tout l'ouvrage qu'il avait fait
et, le septième jour, il chôma, après tout l'ouvrage qu'il avait
fait.»
Genèse
2 versets 1 et 2.
Si on
comprend bien, ce texte ne dit pas que Dieu s'est arrêté de créé
définitivement, il dit simplement qu'il termina l'ouvrage qu'il
avait fait. Ce qu'il termina le 6e jour, c'est ce qu'il était en
train de faire depuis le jour un. C'est de ce dont Dieu vient de
créer qu'il se repose. Ce repos est un arrêt de ce qui vient d'être
fait pas un arrêt définitif. Et qu'est-ce qui vient d'être fait ?
Que nous décrit le chapitre précédent ? C'est la mise en place de
l'Univers physique, par étapes successives, jusqu'à l'être humain.
C'est de cela dont Dieu s'est «reposé». Nous savons bien,
connaissant Dieu selon la révélation que nous en donne la Bible
qu'il ne se fatigue pas (Psaumes 121,4). Comment Dieu-tout-puissant
pourrait-il avoir besoin de se reposer s'il ne se fatigue pas ? Pris
au premier degré, c'est un non-sens. Nous devons tenter de saisir le
sens profond.
L'explication
de ce paradoxe est dans le verbe «chômer» du verset 2 du chapitre
2 de Genèse. Chômer signifie « cesser son ouvrage ».
Dieu n'était pas fatigué et n'avait pas besoin de se reposer. Le
sens de ce texte est tout autre, il signifie que Dieu vient de finir
quelque chose. Cela marque un temps d'arrêt, qui va se rappeler dans
la vie quotidienne des hommes par la mise en place du Sabbat, le jour
d'arrêt à la fin d'une semaine de travail. Ce que nous décrit les
deux premiers chapitres de la Genèse, c'est la création de
l'Univers physique, le cadre dans lequel Dieu va poursuivre sa
création. Regardons le premier verset du premier chapitre de la
Genèse et donnons-lui de l'ampleur en lui secouant l'hébreux collé
dans le fond :
«Au
commencement, Dieu créa le ciel et la terre.» est une traduction
trop rapide, trop simple. Elle nous enferme dans une vision trop
réduite d'un fait extraordinaire. Essayons
d'amplifier le texte ainsi : «Pour un commencement, Dieu créa le
visible et l'invisible...» ou «Pour commencer sa création, Dieu
fit le ciel et la terre...». Genèse 1 verset 1.
Cette
description des six étapes de mise en place de l'Univers dans Genèse
1 n'est que le lancement d'une création bien plus grande et bien
plus glorieuse. Ce n'est qu'un commencement. C'est l'établissement
d'un contexte dans lequel va pouvoir germer la création ultime,
finale et parfaite. C'est de cette partie de la création dont Dieu
s'est reposé, qu'il a fini de mettre en place, la phase
« physique ». Il a créé les éléments qui vont
permettre à une semence - ce dont nous parle Jésus dans une
parabole, le royaume de Dieu - de germer, de se développer, de se
répandre, de parvenir à maturité et de remplir toute la création.
L'univers est le jardin dans laquelle cette semence va pouvoir être
planté et va pouvoir pousser jusqu'à une maturité spirituelle
jusqu'à tout remplir, que Christ soit tout en tout.
Plusieurs
choses apparaissent après la création d'Adam et Eve, après la
description de Genèse 1, après que Dieu se soit reposé, ce qui
nous révèlent que Dieu continue son oeuvre de création. Quels sont
les oeuvres qui apparaissent après que Dieu se soit reposé de ce
qu'il avait fait ? Premièrement, d'autres êtres humains, et pas un
peu, mais des milliards. Ils sont bien sûr issus du processus de
reproduction des hommes et des femmes (avec un peu plus de boulot
pour les femmes quand même) mais ils sont avant tout créés par
Dieu. Nous devons donc nous rendre à l'évidence, Dieu n'a pas
arrêté de créé.
Une autre
réalité est apparue après le 6e jour : Israël. Projet de Dieu
pour y faire apparaître Jésus, le Fils de Dieu. Puis, apparaît,
dans cette continuité, quelque chose de nouveau encore : l'église.
Celle qui n'a rien à voir avec une organisation et une structure
humaine. De Israël à l'église, il s'est passé quelque chose de
gigantesque : la semence du royaume a atteint toutes les nations,
tous les peuples. Elle s'étend, se développe et finira par tout
remplir comme Jésus nous l'annonce. Les apôtres aussi nous parlent
de quelque chose de nouveau : une nouvelle création en Jésus-Christ
(2 Corinthiens 5;17), de nouveaux cieux et une nouvelle terre
(Apocalypse 21;1). Voilà qui fait beaucoup de travail pour quelqu'un
qui se repose, non ?
Dieu n'a pas
fini de créer le 6e jour. Ce n'est pas ce que l'ensemble de la Bible
nous enseigne. Dieu est en train de créer. Le 6e jour, il s'est
reposé, c'est-à-dire « arrêté », des oeuvres qu'il
était en train de faire et non pas de toute oeuvre.
L'Univers
dans lequel nous sommes est une réalité en mouvement. Dans son
fonctionnement (atomes, galaxies) comme dans son développement de la
vie sur terre comme dans nos vies. De notre naissance à notre mort,
rien n'est fixe, on grandit, on apprend, on progresse, on murit. Il
en est de même de nos vies spirituelles, de notre naissance d'en
Haut à notre mort physique (qui sera suivi de notre résurrection).
Dieu, pour sa part, n'est pas en mouvement, il ne varie pas. Il ne
change pas, il n'y a pas de variation en lui. Dieu est immuable
(non-créé) mais nous, nous sommes en mouvement, en développement.
Pourquoi en mouvement et en développement ? Parce que nous sommes en
train d'être créé, nous sommes en devenir. Seul ce qui est éternel
est fixe. Une création terminée est une création fixe, définitive,
à laquelle plus rien ne peut être ajouté, plus rien ne peut être
modifié. Ce n'est pas le cas de l'univers, de la terre et de nos
vies.
Dieu est
esprit, il est parfait, totale, absolu. Il est immuable, il ne change
pas. Dieu crée pour lui, il crée pour la réalité dans laquelle il
se trouve : une réalité éternelle, parfaite, immuable. Cet
aboutissement ne sera atteint qu'à la fin d'un processus de création
dont le commencement seulement nous est rapporté en Genèse 1 et la
fin en Apocalypse 21.
Concernant
les jours de création de Genèse 1 : Ces «jours» de
création, compris à tord comme étant des séquences de 24 heures,
représentent des étapes de création. Qu'est-ce qui permet d'en
être certain ? Il est écrit : «Il y eu un soir et un matin...»
or, entre un soir et un matin, il n'y a pas 24 heures mais 12. Il ne
s'agit donc pas d'une journée de 24h. De plus, la Bible nous dit
ailleurs que pour Dieu, un jour est comme mille ans et mille ans sont
comme un jour. Il ne s'agit donc pas d'un compte limité d'heures et
de temps, mais d'un temps repère. Si je dis : « Un jour je me
marierai. » cela ne signifie pas que je serai marié 24h. C'est
un repère de temps. C'est de cela dont nous parle les jours de
Genèse 1, d'étapes de création dans un processus. Ces soirs-matins
dont il est question nous aiguillent sur un autre élément
important. Ils expriment une réalité qui se fait jour
progressivement, une réalité qui s'éclaire, qui prend forme, petit
à petit. «Jour» après «Jour», étape après étape, le plan de
Dieu se réalise.
Concernant
le septième jour - Genèse 2;3 – remarquons qu'il est le seul sans
mention de «Il y eu un soir, il y eu un matin.» ce qui nous permet
de penser que ce 7e jour, cette 7e étape n'est pas terminée, nous
sommes dedans. Cette 7e période verra venir son matin, à la fin des
temps, quand l'étoile du matin paraîtra et que tout l'Univers
trouvera son accomplissement en Lui, d'une manière éternelle, c'est
à dire fixe, définitive, sans plus de changement. Nous sommes en
train d'être créé par Dieu et pour Dieu. Qu'y a-t-il de plus
merveilleux ?
Ainsi,
si vous fautez, si vous tombez, si vous échouez, si vous péchez,
c'est parce que vous n'êtes pas terminé. Et les autres non plus.
Seul ce qui est fixe, parfait, fini, abouti, ne chute plus. Adam/Eve,
l'humanité mâle/femelle, a été créé pour devenir parfaite en
Christ, c'est-à-dire à l'image de Dieu. Christ est l'image visible
du Dieu invisible pas Adam. C'est pour cela qu'Adam a chuté et pas
Christ. Si Adam avait été à l'image de Dieu, comme on nous l'a
trop rapidement enseigné, il n'aurait jamais chuté. Lorsque Dieu
dit « Faisons l'Homme à notre image », il parle de son
projet de création de la Genèse à l'apocalypse et non pas de
l'Homme seulement formé en Genèse. Ce « formé » n'est
qu'une étape de la création qui s'abouti en Christ. Tout, y compris
le « faisons l'Homme à notre image », ne s'accomplit
qu'en Christ et par Christ. Cette création finale, cet aboutissement
du projet de Dieu n'est rendu possible que par la croix, la
mort-résurrection. C'est là qu'enfin « Tout est accompli. »,
que tout est créé, c'est là qu'enfin l'Homme, l'humanité peut
devenir à l'image de Dieu, ce n'est pas au 6e jour mais à la fin du
7e.
Dieu n'a pas fini de nous créer.
Dieu n'a pas fini de nous créer.
Ayant eu un commentaire à cet article sur une page facebook à laquelle je n'ai plus accès je mets un élément de réponse ici : Une personne citait la célèbre parole de l'Ecclésiaste "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil." pour dire que je me trompais en disant que Dieu crée des choses nouvelles. En réalité, ce verset ne contredit pas ce fait. Que Dieu créé des choses nouvelles n'est pas une question d'opinion mais c'est un fait avéré dans sa création en déroulement, on peut le constater. Chaque fois qu'un enfant nait, Dieu crée une personne nouvelle même si le fait qu'un être humain naisse n'est pas nouveau. Lorsque la vie est apparu, c'était quelque chose de nouveau dans l'Univers. Paul dira : "Ce qui compte c'est d'être une nouvelle création en Ieschoua le messie." alors qu'il connaissait très bien les versets d'Ecclésiaste. Mais Paul, comme les autres apôtres, n'avaient pas une compréhension étroite, doctrinale ou limité des textes bibliques, ils en avaient une compréhension saine, intelligente, éclairée et vivante (notamment parce qu'ils comprenaient l'hébreu). Il ne faut pas prendre tous les versets à la lettre mais en comprendre le sens dans le contexte. Chaque verset, chaque passage à un contexte. On peut faire beaucoup d'erreur d'interprétation, de compréhension en sortant une phrase de son contexte et en voulant la comprendre d'une manière absolue, englobant tous les sujets, toutes les situations. Une phrase peut s'appliquer à une situation et pas à une autre, à un sujet mais pas à un autre. Il faut réfléchir à ce qu'on lit et se questionner sur le sens de chaque texte.
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