samedi 24 décembre 2016

L'erreur du libre arbitre

L'apparent conflit, l'apparente contradiction entre la souveraineté de Dieu et la liberté de l'Homme (Libre arbitre) peut se résoudre aisément lorsqu'on comprend l'erreur de cette notion de libre arbitre en ce qui concerne l'Homme. L'être humain n'a pas de libre arbitre mais il a une volonté et c'est très différent.

Dans le monde, y compris dans les systèmes religieux évangéliques ; nous baignons dans cette illusion que l'Homme possède un libre-arbitre. La croyance dans un libre arbitre de l'Homme est une erreur, un mensonge. Elle correspond aux paroles du serpent dans le texte de la Genèse : « Vous serez comme des dieux ». Effectivement. Dieu seul a un libre-arbitre. Pourquoi ? Parce que Dieu seul est non-créé. La volonté de l'Homme, elle, est une création définie par Dieu dans sa fonction, ses dépendances, son cadre et ses limites. Dieu, lui, n'est soumis à aucun cadre, Il est Son propre référent. C'est Lui qui a créé le cadre dans lequel nous sommes, dans lequel opère notre volonté ;  c'est Lui qui l'a défini avec toutes ses composantes. Nous ne sommes pas des robots mais nous sommes une création et nous l'avons complètement oublié (d'où un manque d'humilité très fréquent).

Nous avons une volonté mais cette volonté est créée par Dieu, elle est définie par Lui en fonction de Son dessein éternel, de son projet, du but de toute Sa création et de Sa divinité. C'est Lui qui a défini ce qu'est notre volonté et comment elle doit fonctionner. Si Dieu nous met devant le choix de la vie ou de la mort, cela ne nous donne pas pour autant un libre-arbitre, parce que c'est Lui, selon Sa volonté souveraine et pour son dessein éternel, qui définit ce que nous devons et pouvons choisir. C'est là Son libre-arbitre. Notre volonté, elle, est conditionnelle à ce qu'Il propose, à Sa création et à Son but, donc à Sa volonté souveraine. Cela ne signifie pas qu'Il nous impose un choix mais qu'Il conditionne le choix par le cadre qu'Il définit en nous créant. Nous sommes dépendants d'un cadre, celui de la création ;  nous réagissons en fonction de ce qui se présente à nous et ce qui est en nous (nos capacités, notre structure d'être), ce qui a  été défini par un autre (Dieu). Nous n'avons donc pas de libre-arbitre.

Avoir un libre-arbitre, c'est être Dieu. Pourquoi ? Parce que Dieu seul n'a ni cadre ni contrainte. Dieu seul fait ce qu'Il veut. Tandis que nous, nous ne pouvons faire que ce qu'Il nous permet de faire par le cadre qu'il a crée. Nous ne pouvons pas sortir de notre cadre (ce qui nous défini dans notre nature, ce qui nous entoure). Hors, ce cadre a été créé par Dieu de manière très précise, très spécifique en vue d'un but et d'un seul : le Sien. Nous ne pouvons pas choisir ce que nous sommes, comment nous avons été créés ni en vue de quoi, nous ne pouvons que l'accepter ou le nier. Le nier, le refuser n'est pas une liberté, c'est une folie. C'est un peu comme avoir le choix de grandir (c'est-à-dire devenir ce pourquoi nous existons) en mangeant des légumes ou bien de mourir en buvant de l'essence.

La liberté, ce n'est pas de faire un choix, c'est de faire le bon choix ;  c'est-à-dire d'être en harmonie avec ce pour quoi nous avons été créés, de devenir ce pour quoi nous sommes nés : parvenir à la stature de Christ, devenir Fils de Dieu, être à l'image de Dieu. Nous n'avons pas le choix entre ce but là et un autre. Nous ne pouvons pas choisir notre but d'existence, le but pour lequel nous sommes créés, pour lequel nous existons ; nous ne choisissons que de quoi nous remplirons notre cadre temporairement. Nous ne pouvons que le découvrir et le recevoir.

Finalement, nous n'avons pas le choix et c'est tant mieux. Pourquoi ? Parce que notre choix n'aurait pu qu'être humain s’il avait pu être, alors que là, il est divin. Divin, donc parfait, ; bien plus, il est glorieux : être uni à Dieu, participant de Sa nature. C'est le summum de ce qui peut être vécu, le plus haut point, le plus fantastique, le plus extraordinaire. Aboutir en Dieu dans une union d'amour avec Lui. L'Homme n'aurait pas pu choisir mieux.

Réflexion sur la prédestination

Est-ce un sujet complexe ou un sujet simple? Une réalité mystérieuse ou bien un fait compréhensible? Saisissons-nous bien ce qu'enseignent les Écritures ou tordons-nous à l'infini des concepts dans des discours stériles ? La prédestination semble être un sujet controversé voire polémique... sans entrer dans des profondeurs compliquées, voici un point de vue qui pourrait nous aider à y voir un peu plus clair.

Nous devons replacer la prédestination dans une juste perspective, celle du dessein éternel de Dieu, celle de sa création du début à la fin des temps, celle qui pose la question « destiné à quoi ? » et non pas considérer le sujet sous l'angle des capacités de Dieu à connaître ce qui est pour nous le futur ou de choisir à notre place. La prédestination dont parle la bible n'est pas la décision de qui sera sauvé ou pas. Elle n'est pas non plus la connaissance avant la création de la destination finale de chacun en fonction de son choix, mais elle est la raison pour laquelle Dieu créé, le désir premier de Dieu en créant. Il y a là une différence majeure et fondamentale. Dieu a un dessein et Il crée toutes choses dans un but précis, un objectif unique et merveilleux. Il crée tout conformément à ce dessein, en adéquation au but qu'Il s'est fixé pour sa création. Il crée toutes choses selon une forme, une structure, une construction, une programmation, un état d'être, qui va permettre à sa création de devenir ce qu'il a prévu qu'elle devienne, d'atteindre le but que Dieu a fixé. Quand je dis « programmation », on peut mal interpréter ce terme, il ne s'agit pas d'une marionnette qui ne pourrait faire que ce que le Créateur lui demande une fois programmée, mais plutôt de donner à la créature la capacité de suivre le chemin que propose le Créateur et tous les éléments nécessaires pour que ce chemin soit parcouru jusqu'à son terme : la gloire éternelle de Dieu.

Prenons un exemple simple.

Si je veux construire un véhicule pour me déplacer sur la terre, je vais le construire avec les éléments dont il a besoin pour rouler sur la terre. Je vais lui prévoir des roues,  je le prédestine à rouler donc j'inclus des roues dans sa structure au moment de le créer. Je destine cette création à rouler sur la terre, avant même de la construire, je l'ai destiné à cela donc je la dote, dans son « être » même, dans sa structure, en la créant, je la dote de roues, c'est-à-dire, d'une capacité à rouler. Si je décide de construire un avion, je vais destiner d'avance (prédestiné) cette création à voler. Ce sera mon but en la créant : qu'elle vole. Je vais donc la créer avec des ailes et des réacteurs ou des hélices. Je la construis, je la crée, en fonction du but pré-établi, de la pré-destination  en fonction de ce à quoi je la destine. Je la forme pour ce qu'elle doit être, pour être ce que j'ai décidé d'avance qu'elle sera. Ce qui n'empêche en rien les accidents. Si un ennemi venait crever les pneus de cette voiture que j'avais prédestinée à rouler ou briser les ailes de cet avion que j'avais construit pour qu'il vole, alors le but ne serait pas atteint, malgré ce à quoi je l'avais prédestiné. Il y a donc bien prédestination mais opposition extérieure faisant manquer le but prévu. Le fait que le but ai été manqué ne signifie pas que l'objet créé était pré-destiné à échouer, bien au contraire.

Dans le cas d'une voiture ou d'un avion, le constructeur peut les réparer sans leur demander leur avis, mais dans le cas d'un être humain, sa volonté propre entre en jeu. Pourquoi ? Parce que devenir Fils n'est pas possible pour une « marionnette » qui ne fait qu'obéir. Une « marionnette » peut obéir parfaitement en tout, faire tout très bien, faire constamment la volonté de Dieu si il a été créé pour ça mais il ne pourra pas devenir Fils, il restera serviteur, une créature pour servir. Ainsi, un homme prédestiné à devenir Fils de Dieu en Jésus-Christ – but de la création – est créé avec une volonté pour devenir co-ouvrier avec Dieu dans sa création. Si un homme qui a été créé en étant destiné à devenir Fils refuse de renoncer à lui-même pour recevoir la vie divine non-crée, alors il n'aboutit pas à cet état de Fils. Malgré qu'il ait été prédestiné par création à cet aboutissement.


La prédestination telle que je viens de l'expliquer n'annule en rien la volonté de l'Homme. Mais il ne faut pas confondre le libre arbitre de Dieu et la volonté humaine (qui par définition n'est pas divine). C'est peut-être de cela que provient beaucoup de confusion et d'incompréhension. Dieu seul a un libre-arbitre parce que Dieu est divin, Dieu seul est libre. Lui seul est libre parce qu'il n'est soumis à aucune contrainte, aucune condition, aucun contexte, parce qu'il n'est pas créé, parce que personne n'a décidé ni défini ce qu'Il est ou ce qu'Il pourrait devenir. C'est bien tout le contraire en ce qui nous concerne. Il semble qu'aujourd'hui nous ayons perdu la conscience de ce qu'est être une créature, toujours piégés que nous sommes dans le mensonge premier : « Vous serez comme des dieux... » Nous ne sommes pas comme Dieu parce que nous sommes créés et pas Lui. Nous sommes créés donc définis par quelqu'un d'autre. Dieu a décidé ce que serait l'univers et chacun de ses éléments, Dieu a décidé ce que nous serions et ce que nous pourrions devenir. Dieu nous créés, Dieu nous définis. Nous n'avons aucune existence ni réalité en dehors de cela. Nous sommes soumis à des contraintes que nous n'avons pas décidées, nous sommes dans un cadre que nous n'avons pas choisi ni voulu ni créé. Nous sommes appelés à devenir ce qu'Il désire que nous devenions, ce qu'Il nous offre la possibilité de devenir, devenir Fils de Dieu, «une nouvelle création en Jésus-Christ ». Nous sommes sa création qui a la possibilité de recevoir sa vie. À cause de cela, nous n'avons pas de libre arbitre et nous ne pouvons pas en avoir, nous n'avons pas décidé à quoi Dieu nous appelait. Mais si nous n'avons pas de libre arbitre, par contre, nous avons une volonté, une capacité de recevoir la vie de Dieu, de faire des choix, d'accepter et de refuser, une volonté créée par Dieu, définie par Dieu, afin de tenir un rôle dans sa création et servir le dessein de son libre arbitre.

Dieu nous destine tous à vivre de sa vie divine, Il crée l'univers pour ça, Il le crée tel qu'il est avec tous les éléments lui permettant d'aboutir à la perfection en Lui. Tous les hommes sont prédestinés à être participants à la Gloire de Dieu, TOUS, à devenir Fils par sa nature incréée en nous, mais ce n'est possible que si l'Homme entre dans ce processus de création du Nouvel Adam, le nouvel Homme, en recevant cette vie divine non-créée. Ce ne sont pas nos efforts qui nous acquièrent le salut en Christ – effort de foi, de consécration, de sanctification, de persévérance – mais c'est Sa grâce, par l'œuvre de la croix, sa grâce complètement, son œuvre dans laquelle nous avons la possibilité d'entrer ou non.

Dieu a prédestiné tous les Hommes à devenir Fils de Dieu, TOUS (Fils, au sens générique et non pas au sens masculin). Tous sont destinés d'avance, c'est-à-dire formés en vue de parvenir à la stature du Fils de Dieu, à la ressemblance de Jésus-Christ. Tous prédestinés, tous appelés mais pas tous aboutissants.