vendredi 29 décembre 2017

L'oeuvre de Dieu, les oeuvres de l'Homme - Part2.

Dans la première partie de ce double article sur l'oeuvre de Dieu, j'ai parlé des oeuvres des Hommes qui se prétendent "oeuvres de Dieu" et des dérives qui en découlent. Mais, quelle est donc l'oeuvre de Dieu véritable ? 

Dieu n'a qu'une seule oeuvre, un seul dessein : créer l'Humanité à son image, ce qui signifie nous unir à Lui, nous rendant participant de sa nature, nous donnant ainsi sa vie, la vie divine, la vie éternelle. C'est le but premier et ultime de toute la création, depuis le début, c'est le but duquel dépendent toutes les diverses actions de Dieu dans l'humanité de la Genèse à nos jours. Créer l'être humain et s'unir à lui, l'être humain devenant alors "enfant de Dieu" (Epitre de Jean) semblable au "fils de Dieu", dans la plénitude de ce que l'être humain peut devenir : L'Homme vivant de en union avec Dieu. Et il peut le devenir parce qu'il a été créé pour cela.

Cette création se fait par étape. Il y a d'abord une naissance d'en-bas, c'est-à-dire une naissance naturelle par nos parents qui fait de nous des êtres psycho-biologiques. Notre corps, qui a un fonctionnement semblable à celui des mammifères - les deux étant créés dans la même 6eme ère (Genèse 1 - Le terme "jour" n'ayant aucun rapport avec 24 heures) - puis notre psychisme, notre psychologie, notre "psyche" en grec, "âme" en français. L'âme, dans les Ecritures, peut aussi prendre le sens "d'être", comme dans Genèse : "Il devint une âme vivante" = "il devint un être vivant" ou "Il y avait des milliers d'âmes" = "Il y avait des milliers d'êtres". Les Ecritures peuvent aussi parler du psyche (âme), du fonctionnement psychique, qui est lié au cérébral (les conférences de Boris Cyrulnik sont pertinentes à ce sujet, je vous les conseille). Cet humain de naissance et de composition naturelle se développe, individuellement et collectivement, c'est toute l'histoire de l'humanité. Dans le psyche de l'humain, on trouve l'intelligence, les émotions (ressenti-sentiments) et la volonté. L'humanité grandit, comprend et maîtrise son environnement, domine, s'étend, invente, s'organise, se perfectionne. On pourra noter quelques inventions majeures qui ont permit ces développements : la roue, l'écriture, l'imprimerie, l'électricité, l'internet qui est une technologie qui permet la parole, l'instruction, l'annonce de l'évangile, le débat, la réflexion, l'étude, etc. Il y en a d'autres. Beaucoup de progrès techniques et d'études ont aidé à comprendre le fonctionnement de l'être humain. La psychologie par exemple nous a donnée de mieux comprendre nos besoins, de permettre de guérir des personnes, de sauver des vies, de leur donner une remise en mouvement vers un développement et un épanouissement, ce qui leur permet alors d'aimer et d'aider d'autres et parfois d'annoncer la bonne nouvelle du salut en Ieschoua de Nazareth. Dans le domaine du physique, on peut aussi noter les progrès énorme qui ont été fait, notamment en terme d'hygiène et donc de santé. Les exemples sont nombreux. J'aime à penser que je ne suis pas roi de France et pourtant j'ai un meilleur dentiste que Louis XIV (ça marche aussi avec Jules César, Pharaon, etc).

On peut guérir une psyché (âme) comme on peut guérir un corps. Tous ces progrès, qui sont réels et non virtuels, sont le développement de l'Homme naturel, l'humain dans son premier état d'être, ce que l'apôtre Paul appelle "le premier adam". Adam signifie "être humain" en hébreu. Ce n'est pas un prénom, ce n'est pas un individu, c'est l'être humain dans sa nature, c'est la nature humaine. Mais le projet de Dieu ne se réduit pas à ce développement là. Ce développement est bon et voulu par Dieu qui le valide par les paroles qu'on trouve en Genèse : "Cela fut très bon." et aussi "Croissez et multipliez." Dieu a lancé la machine, elle continue son développement, c'est bon et c'est cela fait parti de son projet. Mais le dessein de Dieu ne s'arrête pourtant pas là. Ce n'est pas seulement un bon et maximum développement de l'Homme naturel, du premier adam, que Dieu veut. Je sais que je n'ai pas encore parlé à ce stade de la question du péché (qui n'est ni une notion de morale, ni une notion de religion) et de la question du mal dans l'histoire de l'humanité. Les notions de chute et de péché originels qu'on nous enseigne couramment sont erronées, je pourrais en parler plus en détail dans d'autres articles. La notion de chute est une notion gnostique et non biblique, une pensée grecque et non hébraïque, la notion de péché originelle semble avoir été inventée tardivement dans l'histoire de l'église pour justifier le baptême des enfants, c'est une interprétation du sens des textes qui n'est pas correct. Je vous conseille à ce sujet les articles intéressants parues dans le site "Science et Foi" (vous trouverez le lien dans la colonne de droite de ce blog). Nos compréhensions du sens du péché n'est pas forcément juste, elles doivent être interrogées et approfondies, et pour cela, comme pour chaque point, nous devrions revenir au sens hébraïque : "manquer le but." Dieu crée toutes choses pour un but" Proverbe 16;4. 

Le but de Dieu n'est pas que l'Humain reste un "premier adam" mais devienne un "second adam", tel qu'était Jésus. Le second adam, la seconde étape de l'Humanité, le second état d'être de l'Humain c'est d'être uni à Dieu, uni à son esprit, être un avec lui, dans une union d'amour en esprit, c'est d'être enfant de Dieu. Et que cette vie divine croisse en nous jusqu'à une pleine maturité. C'est alors que l'être humain est abouti dans son plein sens, dans son plein développement. Mais pour cela, la naissance d'en-bas ne suffit pas, le développement de l'Homme naturel ne suffit pas, aussi formidable qu'il puisse être. Pour devenir le second adam, l'Humain spirituel, l'Humain uni à Dieu, il faut une "seconde naissance", une transformation (Galates 2;20 - 1 Corinthiens 15) qui nous conduit à un changement d'être. Le premier adam (le premier état d'être, l'état naturel de l'Homme avec toutes ses bonnes capacités) doit devenir second adam, deuxième et dernière étape de l'être humain, un second état, un état spirituel qui ne détruit pas les capacités du premier adam mais qui les mets au diapason de la vie divine, qui les équilibre, éliminant progressivement la notion de péché. C'est pour cela qu'il est écrit : "L'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde."

Ayant encore d'autres points à aborder, je vais m'arrêter là et continuer prochainement dans un troisième article. J'y parlerai de la chenille et du papillon comme métaphore du premier et du second adam, je reviendrai peut-être sur les notions de péché et de mal, enfin je parlerai de la manière dont l'humain peut faire l'oeuvre de Dieu véritablement puisque c'est là le but de cette courte série d'articles.

dimanche 17 décembre 2017

L'oeuvre de Dieu - Les oeuvres de l'Homme, part1

Dans un commentaire sur ce blog, un internaute m'a récemment demandé mon avis sur la notion de "faire l'oeuvre de Dieu" : "... une conception chrétienne que l'on entend un peu partout et qui est utilisée à tort et à travers..." C'est un sujet important, profond, qui englobe divers points comme nos conceptions de Dieu, nos conceptions de ce qu'il fait, notre connaissance ou notre ignorance du comment il procède, notre conception du salut, de l'oeuvre accompli à la croix, etc. "Faire l'oeuvre de Dieu", est-ce une conception "chrétienne" ou "évangélique moderne" ? 

Le simple fait de prétendre faire l'oeuvre de Dieu peut nous faire penser que l'on devrait la faire à sa place sinon lui ne la fera pas. Ce qui bien sur est absurde. On fait peser sur les épaules des uns et des autres l'obligation de faire nous-mêmes, par nos propres forces, par nos efforts déployés "l'oeuvre de Dieu", construisant des fardeaux d'activités et de programmes, accompagnés de messages et de prédications tantôt motivantes (qui ne sont rien d'autres que du coaching psychologique), tantôt culpabilisantes (de la manipulation pour que les autres fassent notre volonté). On retrouve là le principe de la loi : ce qu'on doit faire, ce qu'on ne doit pas faire. "On doit" vivre les Actes des Apôtres, "on doit" annoncer l'évangile, "on doit" gagner des âmes, "on doit" porter du fruit, "on doit" être un disciple, "on doit s'engager dans l'église". Pourtant, Ieshoua (Jésus) de Nazareth a-t-il dit "Vous bâtirez mon église ?" 

Au bout de cette démarche nous trouvons souvent la désillusion, la déception, la frustration, la négligence de sa propre famille, l'épuisement, le stress, le conflit, les désaccords et les divisions. Bien trop souvent on croit faire l'oeuvre de Dieu alors que l'on fait l'oeuvre de quelqu'un ou bien notre propre oeuvre pour Dieu - en réalité on la fait pour nous, pour ce que cela nous apporte d'image de soi, de prestige, d'intérêts divers, les dirigeants dominants les autres pour les convaincre de s'engager dans leur oeuvre propre qu'ils appellent "l'oeuvre de Dieu". On trouve cela dans les assemblées évangéliques mais aussi sur le net. C'est un état d'esprit naturel qu'on trouve également dans la politique et l'entreprise, on emploie des gens pour faire notre oeuvre, on devient un leader que les autres suivent, faisant sa volonté. Cet état d'esprit est-il forcément inspiré et conduit par l'Esprit de Dieu ? Le chrétien aussi peut faire l'oeuvre de la chair, de sa propre nature, de sa propre volonté, avec ses propres idées, faire son oeuvre et l'appeler "l'oeuvre de Dieu". Il peut copier ce qu'il lit dans les Actes des Apôtres, essayant de faire de même sans être dans le souffle (l'esprit) de Dieu. Il peut s'illusionner et illusionner les autres. Beaucoup de ces oeuvres s'apparentent à du prosélytisme de mouvements évangéliques, on se concentre plus sur les effets extérieurs que sur la vie intérieure, sur les paroles et les actions que sur la croissance de la vie spirituelle des personnes.
Est-ce à dire qu'il ne faille rien faire ? Non, bien sûr, j'en parlerai plus loin.

Dans cette réflexion, il est primordial de comprendre ce qu'est le premier Adam et ce qu'est le second Adam dont parle l'apôtre Paulus dans ces épitres. C'est le second Adam qui fait l'oeuvre de Dieu, pas le premier. Le premier Adam fait son oeuvre propre, ce qui est différent. J'aborderai cela plus précisément dans le prochain article.

A suivre : L'oeuvre de Dieu - Les oeuvres de l'Homme-part2. Ce qu'est véritablement l'oeuvre de Dieu dans l'Humanité, comment on y prend part en étant uni à lui en esprit, comprendre la différence entre le premier Adam et le second Adam.

Autour de ce sujet, on peut lire mes articles suivants : 
Le livre des Actes n'est pas la vie normale de l'église. 
Les trois tentations du christianisme.
Dieu n'a pas fini de créer.
Dieu crée pour un but.
Un plus grand salut.


dimanche 19 novembre 2017

Le livre des Actes des apôtres n'est pas la vie normale de l'église.

Dans un mouvement d'enthousiasme et de nostalgie, on entend parfois dire que le livre des Actes, dans la Bible, représente ou exprime la vie normale de l'Eglise, ce que devrait être la vie de l'église, ce que nous devrions retrouver aujourd'hui. J'aimerais expliquer pourquoi ce n'est pas le cas, ce que nous confondons, les jougs que génère cette conception sur les coeurs et au contraire ce que nous devrions espérer, plus en conformité avec ce que les apôtres qui ont vécu les Actes ont enseigné. 

Il me semble que Watchman Nee a bien compris cela et je conseille encore la lecture de son livre "La vie normale de l'Eglise" qui nous éclaire sur le sujet. Il enseigne un point important dont nous devrions avoir conscience : la différence entre l'oeuvre et l'église. En prétendant que le livre des Actes est la vie normale de l'Eglise, nous confondons l'oeuvre et l'Eglise. Qu'est-ce que l'oeuvre ? Ce n'est pas la vie de l'église, ce n'est pas la vie quotidienne de l'ensemble de la communauté (le terme "Ekklésia" en grec signifie "communauté" et non pas "église". "Eglise" n'est pas une traduction du terme grec mais une transcription. Voir mon article sur les mots non-traduits du grec au français). L'oeuvre, c'est un travail particulier opéré par des personnes précises, conduites par l'Esprit de Dieu pour un fruit spécifique dans un temps donné. Ce n'est pas ce que vivent tous les membres de toutes les communautés d'une manière générale. Comme il est écrit dans le livre des Actes : "Mettez-moi à part et Barnabas et Schaoul pour l'oeuvre à laquelle je les ai appelé." Actes 13;3. S'ensuit le récit de leur première mission, puis leur séparation puis les autres voyages de Schaoul de Tarse appelé "Le petit" (Paul). 

Le livre des Actes ne nous parle pas de la vie normale des églises de cette période de l'histoire mais de l'oeuvre des apôtres, et encore, de quelques uns seulement. Essentiellement Pierre, Jean et Paul, ainsi que Philippe, Barnabas. Le livre des Actes ne nous raconte pas ce qu'on vécu les 9 autres disciples choisit par Jésus dans les évangiles (Matthieu, André, Barthélémy, Thomas...) et ne nous décrit pas le quotidien des différentes communautés indépendamment de ce qu'y ont vécu les apôtres cités. Il y a une différence entre l'oeuvre et l'église (la communauté). Confondre les deux c'est ne pas discerner comment Dieu conduit et travaille pour le développement de l'évangile, pour l'accroissement de son peuple, pour l'accomplissement de son dessein. C'est aussi mettre un joug, un fardeau sur des frères et soeurs, un fardeau d'Homme, une exigence inutile qui n'est pas celle du Seigneur. Nous ne devons pas confondre la vie de l'église et les ministères (je rappelle comme je l'ai écrit dans mon livret "Le besoin de réforme de l'Eglise aujourd'hui", que les pasteurs évangéliques, les pasteurs protestants et les prêtres catholiques, ne sont pas les ministères dont parle Schaoul dans Ephésiens 4;11 mais des chefs religieux dans un système de fonctionnement qui ne correspond pas au modèle biblique). 

Le danger de cette conception erronée selon laquelle le livre des Actes est la vie normale de l'église, est un aveuglement qui conduit à attendre que les gens fassent ce que Dieu n'attend pas d'eux. Cela met un joug sur les chrétiens, une exigence de stature et d'actions que la plupart ne peuvent porter, avec l'accusation et la culpabilité qui accompagne cette exigence en cas d'échec. Tout est alors faussé. Une oeuvre doit être faite par les personnes que l'Esprit appelle clairement et spécifiquement pour cela. Si vous sentez cette exigence peser sur vos coeurs, cette culpabilité de ne pas faire ce qu'il faut, dégagez-vous de cela, vous n'êtes pas en cause. 

Mais alors, cela signifie-t-il que miracles, guérisons et conversions sont fini ? terminé ? D'un autre âge ? Mais non, pas du tout ! Loin de là. Dieu est vivant, Jésus est venu sauver, guérir, délivrer. Mais il n'est pas venu mettre des jougs inappropriés sur tout le monde. Retrouvons une vision saine, juste et équilibrée. Dieu agit, Dieu bénit, oui, mais ne confondons pas l'oeuvre et la vie de la communauté. Chacun doit grandir à son rythme, beaucoup ont avant tout besoin de guérison, d'être reconstruit, fortifié, soutenu, encouragé, aidé, accompagné doucement et paisiblement. 

En quoi consiste cette vie de l'église si elle n'est pas l'oeuvre ? J'affirme bien que Dieu n'a pas fini de faire des miracles et des guérisons et pas seulement au travers de personnes consacrées à une oeuvre mais l'obsession du sensationnel, du spectaculaire, du miracle, de ce qui frappe les oreilles et les regards, est très présente dans les milieux évangéliques et charismatiques, comme une sorte de but à atteindre ou d'obligation à vivre. Cela ne correspond pas à ce qu'enseignaient les apôtres aux communautées naissantes. Regardez ce qu'enseignent les apôtres comme Paul dans ses lettres, faites une liste des sujets qu'il aborde et des recommandations qu'il adresse. Il est avant tout centré sur Christ. Encourage-t-il à faire des miracles ? à évangéliser ? à sortir dans les rues pour prêcher et prier pour les gens ? Je ne crois pas. Que conseille-t-il alors ? De vivre en paix, de croître dans la douceur, la bonté, l'amour, de s'occuper des plus faibles, de porter les fardeaux des autres, d'exercer l'hospitalité... Ce qui n'exclut pas de prier pour les malades et de parler de l'évangile mais sans l'esprit de productivité et de rendement de notre époque. Tous ne sont pas évangélistes, tous ne sont pas une main, tous ne sont pas un oeil.  Etre témoin de Christ ce n'est pas être évangéliste, ce n'est pas être actif ni excité, ce n'est pas faire du prosélytisme pour remplir des réunions, c'est vivre une autre vie et la manifester dans notre quotidien par nos comportements, nos réactions, nos choix, dans la famille, au travail, dans nos communications, dans ce qu'on entreprend. C'est avant tout aimer, bien plus que faire des miracles.

L'église de Christ est en croissance, elle grandit, doucement. Le seul standard, c'est la vie de Christ, la vie divine parfaite. Ce standard, c'est l'aboutissement de notre vie, c'est le but de Dieu dans sa création. Ne confondons pas l'aboutissement et le cheminement. Cette vie grandit en nous, lentement. Elle nous guérit, elle nous transforme, elle nous sauve. Nous marchons par la foi en ce qu'il a accompli à la croix et Lui fait son oeuvre dans l'Homme. C'est un cheminement. Le livre des Actes n'est pas un standard à vivre maintenant. C'est le témoignage de ce quelques hommes ont vécu à un moment donné de l'histoire, quelques hommes qui avaient une mission particulière à accomplir, un appel précis, une révélation précise à communiquer.

Didier Millotte
Voici une conférence très pertinente de Segre Tarassenko en lien avec ce sujet : 
http://www.unbleuciel.org/tarassenko/mp3/35-1.mp3

mardi 14 novembre 2017

Pharisiens, Sadducéens, Esséniens.

Quand on étudie de près les mouvements de l'époque de Jésus en Israël et en particulier à Jérusalem, les Pharisiens, les Sadducéens, les Esséniens, ont voit bien une notion d'apostasie, d'abandon de ce qui est juste, de ce qui est conforme au dessein de Dieu, de ce que Dieu a instauré sous Moise puis David puis Salomon. Les saducéens dominaient le Temple de Jérusalem qui était sensé rester le lieu saint, la présence de Dieu, la fidélité à la Torah. Ils le dominaient en ayant les postes clés de gestion du Temple, des sacrifices, de récoltes des dîmes, ils le dirigeaient en association avec les polythéistes romains qui avaient conquis Israël, étant nommés par eux, et ce pour leur principal intérêt (cupidité, détournement d'argent, pouvoir, prestige, privilège du rang, etc.). Le Temple était corrompu bien plus par les Sadducéens que par les Pharisiens semble-t-il. Les deux partis se confrontant pour gérer le Temple. Les Esseniens (dont parle Paul quand il cite le culte des anges dans une de ses épitres) quand à eux, s'étaient retiré en jugeant cette gestion corrompu du Temple (qui était le centre de la vie d'Israël) et en formant une communauté très légaliste et très dure dans l'espoir de retrouver la sainteté et le vrai culte perdu. Et Jésus arriva... Jésus arriva, apportant un retour à ce qui était juste (reprenant, corrigeant, enseignant) mais sans légalisme, sans joug, en libérant, en guérissant, en bénissant, en aimant, en ôtant les fardeaux, en prenant soin des plus faibles avec affection, gentillesse, douceur, bonté. Il apporta la vérité et la grâce. Il n'attendait pas que le peuple qui aime Dieu le suive par lui-même dans sa création de l'Homme nouveau mais qu'il y parvienne en Lui - "Sans moi, vous ne pouvez rien faire" qui serve à bâtir la nouvelle création, qui serve à atteindre le but de Dieu dans sa création. Plus tard Paul dira : "C'est lui qui le fera." C'est là qu'est notre foi, en son oeuvre accomplie par le messie. Avec les Esséniens on voit l'Homme qui veut se sanctifier mais tombe dans le légalisme (et des inventions comme le culte des anges), de même avec les pharisiens on voit l'exigence, la dureté, le joug. Cela nous rappelle le fonctionnement d'assemblées d'aujourd'hui. Seul Ieshoua (Jésus) atteint le but de Dieu en conduisant l'Homme à la sanctification par la croix, dans la grâce. La grâce au moyen de la mort-résurrection, la croix : le chemin n'est pas un système religieux, répétitifs, actif, doctrinal, hiérarchique, "évangélique" mais la vie de Dieu en nous. Devenir un avec Lui comme il est dit : "Participant à la nature divine." Si on ne change pas de nature, on peut vouloir "faire pour Dieu" ou "faire avec Dieu", ça ne sert à rien, ça n'abouti pas au Royaume de Dieu.
Didier Millotte PS 1 : Si on relit Jean chapitre 10 en ayant conscience de ce contexte lié au Temple, au passé d'Israël, à la vie religieuse d'Israël de l'époque des évangiles, si on replace Jean 10 dans son contexte historique, local et religieux en rapport avec la révélation de YHWH à Moïse, David, Salomon, on peut se demander si Jésus ne parlait pas de ces chefs corrompus qui dirigeaient le peuple (dans le Temple, dans les sacrifices, dans l'adoration de YHWH, dans les fêtes). quand il dit "le voleur" au verset 10, quand il parle de celui qui n'entre pas par la porte au verset 1, quand il parle du mercenaire au verset 12, Jésus parlerait-il des Sadducéens, des Pharisiens, des dirigeants du Temple de YHWH ? Et quand il parle du loup au verset 12, ne parlerait-il pas de Rome (rappelons que la louve est le symbole de la fondation de Rome) qui finira par détruire Jérusalem et le Temple ? "Le voleur ne vient que pour... détruire." v. 10. Plutôt qu'une lecture "spirituelle" voire mystique qui identifie "le voleur" de Jean 10 à un ange déchu (le terme angelos n'a pas été traduit, sa vraie traduction est "messager", voir mon article sur les mots non-traduits), nous devrions replacer les enseignements dans leur contexte concret.

PS2 : Pour ceux qui veulent connaître précisément ces points concernant l'époque de la fin du second temple, je conseille la lecture des livres de l'historienne juive Jacqueline Guénot-Bismuth et du remarquable théologien Claude Tresmontant, notamment dans son livre sur l'Apocalypse.
Pour ce qui est de la nouvelle création, de l'union avec Dieu en christ, je conseille de lire les épitres de Paul, les livres de T. Austin-Sparks et d'écouter les conférences de Serge Tarassenko (liens dans la colonne de droite).

vendredi 3 novembre 2017

La cité des versets

Nous participons souvent à des discussions sur les réseaux sociaux, facebook, des blogs, en mettant des commentaires dans des discussions sur un sujet des Ecritures, sur l'Eglise, la vie spirituelle, etc. Beaucoup de commentaires, de débats, de discussions, de contradictions. Tout d'abord, j'aimerais rappeler combien c'est une chance pour tous de pouvoir s'exprimer, discuter, questionner, répondre, écouter, comprendre de nouvelles choses, entendre un point de vue différent de ce qu'on a l'habitude de nous dire et de pouvoir ainsi y réfléchir, découvrir un autre regard, avoir une explication plus précise, etc. Cela va nous enrichir, nous aider à mieux comprendre ce que la Bible enseigne à condition que nous restions dans un état d'esprit positif, gentil, étant à l'écoute, prenant le temps de lire, relire et réfléchir à ce qui est partagé. 

J'aimerais poser ici une réflexion concernant l'utilisation que l'on fait de la Bible, les citations de versets qu'on voit souvent dans des commentaires et dans les milieux évangéliques. D'abord, soyons bien conscient que les autres connaissent aussi bien que soi les textes et les citations qu'on peut faire de divers passages bibliques. Citer des versets n'explique rien. Partons plutôt de l'idée que l'autre les connaît déjà très bien. Cité un verset ne suffit pas parce qu'on peut ne pas avoir bien compris l'idée de l'autre, parce qu'on peut ne pas en avoir bien compris un verset, parce qu'on peut en tordre le sens en l'exprimant dans un contexte inapproprié. On utilise trop souvent des versets pour confirmer ce qu'on croit déjà au lieu de comprendre le sens d'un texte pour savoir ce qui est vrai, ce qu'il dit vraiment. 

Chaque verset à un contexte et le contexte donne sens au texte. Un verset n'a pas forcément le sens qu'on veut lui donner quand on le cite hors de son contexte et parfois nous lui donnons un sens contraire à ce que l'auteur a voulu dire. Par exemple : "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil." a un sens par rapport à tout ce que veut exprimer l'Ecclésiaste. Cela ne signifie pas qu'il n'y a jamais rien de nouveau de manière absolue dans toute la création de Dieu de ses débuts à la fin. L'Ecclésiaste parle de la vie humaine, pas de l'oeuvre de Dieu dans sa totalité. Ainsi, Paul, qui connaissait bien ce texte lu dans les synagogues, pouvait dire : "L'important est d'être une nouvelle création..." Si Dieu ne faisait rien de nouveau il ne pourrait pas y avoir de nouvelle création. L'Ecclésiaste dit qu'il n'y a rien de nouveau dans la vie humaine dans le sens où tout les humains vivent les joies, les peines, les efforts, les blessures, les guerres, le travail, les désirs, depuis toujours. Mais chaque être humain qui naît est tout de même un être nouveau dans le monde. Si on guerre apparaît, c'est une nouvelle guerre pour ceux qui la vive mais ce n'est pas nouveau qu'il y ait des guerres dans l'Humanité. Il nous faut réfléchir à ce qu'on lit pour bien le comprendre, prendre le temps d'y réfléchir au lieu de répéter des versets tout le temps, se demander ce que cela signifie, ce que l'auteur a bien voulu dire par là à ce moment là et si cela concerne tout ou seulement un aspect des choses, celles dont traite le passage en question. 

Autres exemples, ce que j'appelle les contre-points : On entend souvent : "Soyez comme de petits enfants..." mais on entend rarement "Soyez des Hommes adultes" (1 Corinthiens 16;13). Il est écrit : "Sans moi vous ne pouvez rien faire." mais aussi : "Faites tout vos efforts." Il est écrit "La connaissance enfle..." (ce qu'on entend souvent pour dénigrer l'intelligence et la connaissance alors que Dieu nous encourage à l'intelligence et à la connaissance - Regarder tous les versets des Psaumes et des Proverbes qui concernent l'intelligence) mais aussi "Donne-moi l'intelligence pour que je comprenne tes commandements." (Ps 119) et "La sagesse appartient à l'Homme intelligent." (Prov. 10;23). Il vaut mieux comprendre le sens de l'ensemble des Ecritures plutôt que connaître certains versets par coeur et de les utiliser sans discernement. La Bible n'a pas été écrite avec des versets à citer mais pour exprimer une pensée complète, profonde, subtil et riche. Il nous faut sortir d'un schéma trop simpliste, d'une lecture trop littérale, au premier degré. L'esprit plutôt que la lettre.

A ce sujet je vous conseille vivement de lire le chapitre 6 du livre de Frank Viola sur l'utilisation des Ecritures. C'est très éclairant et édifiant. 

mercredi 30 août 2017

Tu aimeras.


"Tu aimeras le Seigneur ton Dieu... et ton prochain comme toi-même."
Qu'est-ce qu'aimer Dieu ? Qu'est-ce qu'aimer son prochain ?

Aimer son prochain c'est lui donner ce dont il a besoin, de manière générale comme de manière particulière (Si il a besoin qu'on l'écoute, qu'on soit patient avec lui, qu'on l'encourage, qu'on le nourrisse, qu'on l'accueille, qui lui exprime du respect, de la gentillesse...).

Aimer Dieu ce n'est pas lui donner ce dont il a besoin puisque Dieu n'a aucun besoin. Aimer Dieu, c'est recevoir de Lui sa vie, sa nature, son être, son amour, sa paix, ses pensées, son caractère, cette vie qui nous uni à Lui et nous transforme à son image... Ce qui nous permet alors de donner à notre prochain ce dont il a besoin.

Recevoir et donner. 

Nouvelle réforme

 Il nous faut faire un effort. Un effort sérieux dans une démarche humble, honnête et patiente. Un effort prolongé sur la durée. Un effort de réflexion et d'étude des Ecritures comme des mineurs creusent une mine d'or lentement mais surement. J'ai longtemps cru que dans les églises évangéliques on étudiait les Ecritures, mais ce n'est hélas pas le cas. On n'étudie pas, on apprends des doctrines établies que les dirigeants ont eux-mêmes appris et qu'ils transmettent sans se rendre compte de ce qui est faux. Des doctrines qui parfois plongent leurs racines jusque dans les erreurs du catholicisme ou des théories gnostiques des premiers siècles de "l'ère chrétienne", du livre d'Enoch ou des Esséniens. Des doctrines que l'on croit bibliques mais dont on n'a jamais vérifié l'exactitude. Et bien souvent d'ailleurs, on ne sait pas comment vérifier, on ne sait pas comment aborder une véritable étude, sans à priori, sans préjugé, sans postulat pré-établi, juste pour voir ce que veut vraiment dire un texte, parce qu'on ne nous l'a pas appris.

Nous avons tellement entendu de doctrines répétées sans approfondissement, sans explication, sans démonstration, sans connaissance du grec et de l'hébreu, sans faire la différence entre la révélation des Ecritures et les commentaires, les théologies diverses et les spéculations de toutes sortes. Des couches de sédiments véhiculées par des fleuves inintérrompu de prédications dans lesquels on ne peut plus distinguer ce qui est de la révélation et ce qui est des ajouts des mouvements historiques. Bien pire, on croit tellement que nos doctrines acquises sont la vérité biblique qu'il ne nous viendrait pas à l'idée une seconde qu'elles puissent être fausses, que l'on a mal interprété un certain nombre de passage des Ecritures, un certains nombre de termes dont on a perdu le sens depuis que l'on n'est plus enseigné par des hébreux de la seconde alliance.

Notre pensée a tellement été formatée qu'on a le plus grand mal à lire, à comprendre les Ecritures de manière saine, c'est-à-dire sans conviction posée à priori, sans être infléchi, influencé par les interprétations catholico-protestantes des textes, des couches de doctrines accumulées par les différents mouvements de l'Histoire de l'Eglise et du Judaisme. 

Une nouvelle réforme est en cours de nos jours. Elle nécessite non seulement de prendre conscience de nos habitudes d'églises qui n'ont aucun fondement biblique et donc n'ont pas lieu d'être continuéés ni pratiquées, des fonctionnements hiérarchiques erronées qui sont fondés sur le catholicisme (pape, évêques, prêtres-pasteurs) et non pas sur l'enseignement de Ieshoua de Nazareth (Jésus) et des apôtres, fonctionnements qui ne correspondent pas aux ministères bibliques – même si pour certains ils en reprennent les terminologies - mais aussi et avant tout de réaliser que nos convictions doctrinales ne sont pas conformes à l'enseignement des apôtres qui ont écrit le Nouveau Testament (du latin Novum testamentum = Nouvelle alliance).


Pour pouvoir bien comprendre le sens juste de la révélation des Ecritures que Dieu a transmis à l'Humanité, il va nous falloir mettre de côté nos à-prioris, nos convictions doctrinales qui fondent nos mouvements et faire un effort sérieux, humble et honnête d'étude approfondie des textes inspirés et remettre en question ce qu'on croit être vrai. Bien sûr, cela accompagné de la prière et du partage, cela va de soi. Partage dans des discussions bienveillantes, empruntent d'écoute, de respect et d'effort pour comprendre tel point de vue, tel argument, telle explication de texte et de contexte, sans jugement hâtif, sans mépris inutile, sans rejet stérile.  Soit nous faisons cet effort et nous co-oeuvrons au développement de l'Eglise de Ieschoua (Jésus), soit nous continuons dans ce faux christianisme catholico-protestant-évangélique qui a été développé et installé en s'écartant du sens véritable des Ecritures hébraïques. 

Conseil de lecture : 
"Le besoin de réforme de l'Eglise aujourd'hui." en pdf : ici
"Le christianisme paganisé" de Frank Viola.
"Le Christ hébreux" de Claude Tresmontant.
"La subversion du christianisme" de Jacques Ellul.
"La vie normale de l'église" de W. Nee.

jeudi 24 août 2017

Conseil de lecture : Jérusalem, biographie.


L'histoire de Jérusalem, un livre remarquable.

L'auteur, Simon Sebag Montefiore, historien formé à Cambridge et plusieurs fois primé pour ses biographies, dépeint ici une fresque historique stupéfiante d'une grande précision, allant de l'époque du Roi David où Jérusalem était une petite citadelle dans les montagnes de Canaan, pas encore une ville, jusqu'à la guerre des « Six Jours » en 1967.

Ce que j'en retiens... Combien les judéens ont souffert par la violence sans mesure des soldats romains lors de la destruction du temple par Titus en 70. Combien ils ont souffert ensuite du rejet et du mépris par les catholiques romains.

Comment les musulmans qui ont repris Jérusalem aux catholiques romains ont protégés les juifs contre ces derniers, leur redonnant des droits qu'on leur avaient ôté tout en les dominant.

Combien il fut difficile d'établir l'Etat d'Israël au XXe siècle. Combien il y eu d'opposition, de combats, d'attentats (y compris les attentats terroristes des organisations juives contre les britanniques en place). Combien il fallut de guerres et de négociations politiques.

Combien les juifs ont cherché de compromis, se voulant conciliant pour un partage des terres entre arabes et juifs au XXe siècle, combien les arabes ont refusé, ne voulant qu'il n'y ait ne serait-ce qu'un foyer national juif. Combien ils ont voulu avant tout les exterminer (soutien à Hitler, guerre de 1948/1949).

Que les sionistes n'étaient pas toujours d'accord sur les moyens à mettre en oeuvre pour aboutir à un état hébreu, les uns préférant la diplomatie, les autres employant les armes.

Que les arabes - de la Syrie, de l'Irak, de la Jordanie - n'étaient pas toujours uni contre les juifs, se concurrençant pour dominer la région et la ville, certains acceptant les propositions des anglais et de l'ONU pour un partage des terres, d'autres les refusant catégoriquement.

Comment les anglais n'ont pas soutenu jusqu'au bout le projet sioniste, comment les français voulaient une part pour leur empire (à l'instar de l'amérique du Nord et de l'Asie), comment le président américain Harry Truman a pesé en faveur de la création de l'Etat d'Israël, comment Joseph Staline fut le premier à reconnaître l'état hébreu officiellement.

A la lecture de ce livre, on comprend mieux l'histoire incroyable de cette ville, on comprends mieux ce qui se passe aujourd'hui. Plus de 600 pages, un régal à lire. Comme mon coeur s'est davantage attaché au peuple d'Israël et à Jérusalem après cette lecture passionnante et honnête. « Au commencement... il y eut un soir, il y eut un matin... » (Genèse 1), cela commence toujours par un soir, sombre, cela fini par un matin, lumineux. L'histoire avance, l'avenir est un soleil levant, une étoile du matin.

Un livre des éditions Calmann-Lévy.

mercredi 16 août 2017

Qu'est-ce que connaître ?

"La vie éternelle, c'est qu'il te connaisse..." - Mais qu'est-ce que connaître ? 
"L'Homme est fait pour connaître Dieu. Et connaître Dieu, ce n'est pas savoir des choses sur Dieu..." Serge Tarassenko. Un auteur à écouter attentivement... 
(Voir aussi le site de ses conférences : unbleuciel.org)


dimanche 25 juin 2017

Question d'interprétation des textes...

Les premiers théologiens issus du monde grec, après la mort des apôtres ont interprété les textes du N.T. en leur donnant des sens que les hébreux (les apôtres et les autres) ne leur donnaient pas. Ils ont ainsi tordu le sens de beaucoup de passages bibliques et inventé des concepts qui n'existent pas en réalité, les puisants dans les conceptions greco-romaines, perses du monde et les écrits juifs apocryphes (Enoch, Esséniens...). Il y a eu ensuite de nombreuses spéculations, exagérations et déformations, durant des siècles, sur ces concepts théologiques qui se sont imprégnés profondément dans toutes les sociétés catholiques, les mentalités, les conceptions et les croyances. Dans la suite, les églises protestantes et évangéliques n'ont pas tout corrigé, elles n'ont pas tout réformé mais ont gardé en leurs sains, tant dans leurs pratiques que dans leurs doctrines, des compréhensions erronées. Pour revenir à la pensée des apôtres, il nous faut arrêter de croire les convictions doctrinales de mouvements historiques (catholiques, protestants, évangéliques) que nous n'avons jamais vérifié et nous mettre à des études sérieuses, humbles et honnêtes des Ecritures (langues, mentalité, contexte, histoire, etc.) pour en comprendre plus justement le sens.

Conseil de lecture, un livre qui analyse de près le sens de beaucoup de termes des quatre évangiles : "Le Christ hébreux" de Claude Tresmontant. 

mardi 30 mai 2017

Conseil de lecture : L'apocalypse, loin des spéculations futuristes.


Voici un livre du plus grand intérêt pour toute personne voulant réfléchir au message du livre de l'Apocalypse dans le Nouveau Testament. Loin des spéculations évangéliques actuelles, des interprétations erronées et des fausses lumières de l'actualité, Claude Tresmontant, brillant théologien du XXe siècle, réalise ici une étude pointue sur les textes compris dans leur contexte, l'époque de Jean, l'écrivain inspiré de l'apocalypse. Un ouvrage essentiel, remarquable, qui éclaire sur le vrai sens de cette immense prophétie. 


Claude Tresmontant connait très bien le grec, l'hébreu et l'histoire précise d'Israel au temps des apôtres et peut ainsi nous éclairer sur un texte auquel beaucoup donnent des interprétations erronées (en général sans maîtriser le grec, l'hébreu, la culture, l'histoire et le contexte de l'époque de Jean). Comprendre l'hébreu est essentiel parce que Jean était hébreu et non pas grec, sa pensée, comme celle de Paul ou de Jésus, était celle d'un hébreu même si le texte premier est écrit en grec. Comprendre également les expressions hébraïques imagées de l'époque (même quand elles sont traduites ou exprimées en grec), découvrir dans le texte les références au judaisme de la première alliance, au temple de Jérusalem, aux pouvoirs religieux d'Israel ainsi qu'aux pouvoir de l'Empire romain de l'époque permet à l'auteur de cette étude de remettre en lumière le sens véritable de la prophétie de Jean. 



L'Apocalypse ne parle pas de notre futur mais du futur de Jean. Des évènements qui ont eu lieu dans son futur mais dans notre passé : la montée des troupes romaines sur Jérusalem, la destruction du temple et la fin de la première alliance. Cela est cohérent avec les autres livres du Nouveau Testament qui parlent aussi de la fin de la première alliance, comme l'épitre aux hébreux par exemple. Claude Tresmontant nous explique cela avec une précision linguistique et historique tout à fait convaincante. Ainsi, on réalise que ce texte comme les prophéties de l'ancien testament concerne l'histoire d'Israel et une histoire ancrée dans la réalité politique, sociale, religieuse de l'époque. Une compréhension bien plus intelligente et cohérente avec les écrits bibliques et l'histoire que les spéculations fantasmatiques sur notre futur qui se multiplient dans les milieux évangéliques. 

Remarquons qu'au début du chapitre 24 de l'évangile de Matthieu, Jésus parle de la destruction du temple (il ne restera pas pierre sur pierre) et que ses disciples lui demandent quand arriveront ces choses. S'ensuit des annonces prophétiques qu'on a souvent compris comme parlant de la fin des temps alors qu'elles parlent de la fin du temple. C'est souvent ainsi qu'on tord le sens des Ecritures, en les interprétant en dehors de leur contexte et sans apercevoir chaque détail qui a son importance et sa signification. 
Autre point, il n'y a aucun élément dans le livre de l'Apocalypse qui nous certifie que cette prophétie parle d'une époque qui se situerait 2000 ans après sa rédaction.

Il ne faut pas interpréter le texte de l'Apocalypse à la lumière des actualités d'aujourd'hui comme l'on fait les chrétiens de toutes les époques comprenant le texte en fonction des évènements qu'ils traversaient, mais étudier ce livre comme tous les textes de la Bible en tenant compte de la linguistique, du style littéraire, du contexte de l'époque de Jean et de la pensée hébraïque (une règle fondamentale en herméneutique : la Bible explique la Bible ou autrement dit les clés de compréhension d'un passage se trouvent dans un autre passage de la Bible). Alors, tout s'éclaire et l'on n'est plus obligé de donner aux phrases de Jean des sens que Jean ne leur donnait pas. Souvenons-nous, "Mes pensées ne sont pas vos pensées..." 

A lire aussi sur le même sujet :
- Les réflexions de Patrick Fontaine qui pose plein de questions très pertinentes sur le livre de l'apocalypse :
 http://www.patrickfontaine.org/category/20/page/2/

- Les études de David Vincent sur la fin des temps et l'apocalypse : 
http://didascale.com/sommaire-les-chretiens-et-la-fin-du-monde/

dimanche 29 janvier 2017

Un christianisme paganisé jusque là ? Réflexion sur la trinité.


« Ainsi vous annulez la Parole de Dieu et vous la remplacez par votre tradition. » Matthieu 15;6

Voilà l'un des reproches que faisait Jésus aux Pharisiens et religieux de son époque. Rappelons que ces gens connaissaient bien les Écritures, ils les connaissaient très bien, bien mieux que nous aujourd'hui et dans la langue originale s'il vous plaît. Si ceux qui avaient une telle connaissance pouvaient se tromper, qu'en est-il de nous 2000 ans après ? Il nous faut réfléchir à ce qu'on croit et sur quel fondement on le croit. On confond souvent "ce que dis la Bible" avec "ce que nous comprenons en lisant la Bible", et ce n'est pourtant pas la même chose. Nous devons sérieusement creuser cette question et y réfléchir. Notre interprétation et notre compréhension des Écritures inspirées de Dieu ne sont pas les Écritures elles-mêmes. Ce qu'on comprend n'est pas forcément ce que les apôtres voulaient dire. Il nous faut être honnête et se questionner, sur ce sujet comme sur d'autres.

« Écoute Israël, l'Éternel est notre Dieu, l'Éternel est un. » Deut. 6;4.

« Écoute, Israël : L'Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel. » Deut. 6;4, version Darby.

Les apôtres connaissaient Dieu comme un seul Dieu. Ils étaient issus du judaïsme, de la première alliance, ils connaissaient la révélation du Dieu « un » à Israël, celui qui se révèle « Je suis » à Moïse. Dans l'ancienne alliance, Dieu (YHWH) s'est révélé à Abraham, à Moïse, etc. comme le Dieu UN en opposition avec les idoles qui étaient multiples. Cela ne voulait pas seulement dire qu'Il était unique et le seul vrai Dieu mais aussi qu'Il était un, un seul esprit. C'est le début et le fondement du monothéisme.

Les disciples de Jésus, comme le reste du peuple d'Israël attendaient le Messie (Christos), le Maschiach, l'envoyé de Dieu pour sauver le peuple de ses péchés et de tout joug. Nous voyons dans les évangiles que les disciples ont mis du temps à comprendre qui était Jésus, ils ont mis du temps à saisir. Ils ont d'abord compris qu'il était le messie d'Israël promis dans les prophéties, le maschiach tant attendu, mais, ils n'ont pas tout de suite réalisé qui était ce messie : Dieu fait chair, Dieu venu en homme. C'est ce que nous révèle le premier chapitre de l'évangile de Jean.

Mais, comme nous aujourd'hui, il y avait autre chose qu'ils ont eu du mal à saisir. « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne m'as pas connu (reconnu), Philippe ? Celui qui m'a vu a vu le Père. » (Jean 14;9) et aussi : « Moi et le Père, nous sommes un. » Comme les disciples d'alors, nous n'avons pas non plus saisi le sens de ces paroles. Pourquoi Jésus dit-il « Celui qui m'a vu a vu le Père » ? Parce qu'il est le Père incarné, Dieu fait homme. Jean nous le dit dans le chapitre 1 de l'évangile : « La Parole était Dieu.» La Parole qui s'est faite homme et qui a habité, planté sa tente, son tabernacle, parmi nous. Jean ne nous dit pas que « le Fils s'est fait homme » mais que Dieu s'est fait homme. Jean ne nous dit pas que la Parole était le Fils mais que la Parole était Dieu. L'évangile de Jean ne nous enseigne pas qu'il existait un Fils dans l'éternité qui est venu en chair mais que c'est Dieu lui-même qui est venu sous forme humaine devenant le Fils par sa naissance sur terre. « Le Fils » signifie « l'incarnation de Dieu », Dieu se faisant homme. Les chefs juifs ont bien compris cela et c'est pour ça qu'ils voulaient le lapider : « Toi qui est homme, tu te fais Dieu. » Le terme « monogenes » (en grec) dans l'évangile est intéressant. Nous l'avons traduit par « Fils ». Mais le terme « Fils » dans notre langage courant a un tout autre sens que « monogenes », on peut le traduire ainsi : l'unique engendré. Dans le terme « Fils », il y a la notion d'engendrement, c'est-à-dire de naissance sur terre. Il devient « Fils de Dieu » en même temps qu'il devient « Fils de l'Homme ».

Plus tard dans l'histoire de l'Église, après la mort des apôtres et des disciples qui les ont connus, il y eu des mélanges de pensées, de croyances et de conceptions entre le christianisme et le paganisme (plusieurs dieux), donnant naissance à la célèbre doctrine de la trinité. Ce terme n'apparaît nul part dans les Écritures, ni son concept. À cette époque, les églises n'étaient plus persécutées, le christianisme commençait à remplir le monde romain qui croyait en plusieurs dieux. On retrouve ici la notion de pluralité contre laquelle Dieu s'est révélé UN à Moïse (« Je suis » et non pas « Nous sommes »).

On a alors mélangé les notions de dieux grecs-romains, qui étaient plusieurs, avec les enseignements des apôtres du Nouveau Testament. Ainsi, d'un seul Dieu, qui est esprit (au singulier) comme nous le dit les Écritures, nous avons commencé à imaginer Dieu en trois personnes (pluriel).

Mais le Nouveau Testament nous parle bien du Père, du Fils et du Saint-Esprit ? Oui, bien sûr. Mais vous ne pourrez pas trouver un seul verset qui nous dise que ce sont « trois personnes en une ». Ce n'est enseigné nul part dans la Bible, je vous en prie, cherchez. Ce n'est pas parce qu'il est fait mention du Père, du Fils et du St Esprit qu'il faut en conclure que ce sont trois personnes. Aucun texte biblique ne nous permet de conclure ainsi. Il nous faut comprendre le sens des textes comme les apôtres les pensaient et non pas comme nous les voyons avec le filtre de 2000 ans d'histoire et de doctrines de l'Église, notamment catholique. Au cours de son histoire, l'Église a reproduit les mêmes erreurs dont parle Jésus en Matthieu 15;6 cité au début de cet article.

Mais alors, que signifie « le Père, le Fils, le Saint-Esprit » si ce ne sont pas trois personnes ? C'est assez simple en fait et cohérent avec la révélation de la première alliance, ce qui n'est pas le cas du concept de trinité. Dieu est Père, cela signifie qu'il a un peuple, qu'il nous a créés. Cela ne signifie pas que le Père est une personne mais que la personne de Dieu est Père. Jésus est le Fils de Dieu, cela signifie que Dieu (le même Dieu) s'est fait homme. Et le Saint-Esprit ? C'est l'Esprit de Dieu, du même Dieu toujours, répandu sur les hommes. La Bible nous dit que Dieu est esprit (au singulier) mais pas qu'il a trois esprits. On dit souvent, d'après des écrits des pères de l'Église que Jésus est 100% Dieu. Mais, si il est la deuxième personne de la trinité, il n'en est alors que 33%. Alors, 100% ou 33% ? Comme l'enseigne Jean dans le chapitre un de l'évangile, c'est Dieu qui s'est 100% incarné en Jésus et pas seulement un tiers ou une personne sur trois.

En rapport avec ce sujet, il est bénéfique d'étudier le Psaume 95 en rapport avec les évangiles. Les caractéristiques de Dieu (YHWH) décrit dans ce Psaume sont les mêmes que les caractéristiques de Jésus dans les évangiles. Cela parle de la même personne. Comme il nous est dit ailleurs : Jésus est l'image visible du Dieu invisible, c'est-à-dire la manifestation de Dieu dans le monde visible. Il n'est pas question de deuxième personne, ni de troisième ici, ni dans les autres textes des apôtres mais de l'expression de Dieu en Jésus-Christ, du Dieu qui est UN. Il y a distinction dans les termes – Père, fils et Saint-Esprit - pour différencier la révélation de Dieu et l'action de Dieu parmi les hommes, mais il n'y a pas distinction de personnes en Dieu. Il est une seule personne qui est Père (parce qu'il a un peuple), qui est Esprit-Saint (parce que répandu sur les Hommes) et qui s'est fait chair : Jésus-Christ (le messie). Comme un homme qui est le fils de sa mère, le père de ses enfants et le mari de sa femme n'en est pas pour autant trois personnes. De même, je suis corps, âme et esprit mais je suis une seul personne et non pas trois.

La Bible ne nous dit pas que le Père est une personne distincte du Fils et du Saint-Esprit mais que Dieu est Père, ce qui est différent. La Bible ne nous dit pas que le Fils s'est incarné mais que Dieu s'est incarné devenant Fils de l'Homme et Fils de Dieu. La Bible ne nous dit pas que le St-Esprit est une troisième personne (aucun verset n'affirme cela) mais que le Saint-Esprit est l'Esprit de Dieu.

Il ne s'agit pas de remettre en question des fondements des Écritures comme certains le croient à tort mais de mieux comprendre ce qu'elles enseignent.

Les apôtres étaient juifs, ils ne croyaient pas en la trinité. Pour eux, Le Père c'est YHWH, Jésus c'est l'incarnation de YHWH et l'Esprit-Saint, c'est l'esprit de YHWH répandu dans les hommes pour être son temple vivant. Jésus n'est pas la deuxième personne de la trinité, Jésus est l'incarnation de la seule personne qui est Dieu : YHWH. Ainsi, il est dit : Dieu était dans le messie (en Christ) réconciliant le monde avec lui. L'image visible du Dieu invisible.

jeudi 12 janvier 2017

L'enlèvement, calmons-nous.

Lisons l'épitre de Paul, Silas et Timothée aux Thessaloniciens. Lisons également ce qui a motivé cette lettre, les évènements d'Actes 17 : une persécution des juifs et la fuite précipitée de Paul qui parti pour Athènes. Cela éclaire notre compréhension du début de la lettre et son inquiétude pour les Thessaloniciens.

1 Thessaloniciens 4 : Les versets 13 et 14 nous montrent bien la raison pour laquelle Paul aborde le sujet en question.

Le verset 15 est intéressant, il nous dit bien que Paul s'appuie sur une parole du Seigneur pour affirmer ce qu'il va déclarer. D'après une parole du Seigneur ? Laquelle ? Serait-ce Luc 17.34 ?

Première chose à noter  du verset 15 : Nous ne devancerons pas ceux qui sont mort physiquement (« endormis »).

Une remarque : dans les Ecritures, quand nous rencontrons le mot « mort », nous devons nous  demander de quelle mort il s'agit. Dans certains passages, nous avons parfois pris ce terme pour la mort physique alors que les auteurs parlaient d'autre chose. Il y a la mort physique, il y a la seconde mort mais il y a aussi d'autres éléments qui sont appelés « mort ». Comme être mort au péché ou « le monde est crucifié pour moi (donc mort) comme je le suis pour le monde (donc mort). » Il est aussi intéressant à noter que le terme « endormis » parle de « mort physique » dans l'Ancien Testament comme dans le Nouveau. Si Dieu a fait tomber « un profond sommeil » sur Adam comme cela nous est relaté en Genèse, de quelle sorte de profond sommeil s'agit-il ? Mais revenons à notre sujet.

Nous pouvons noter quatre éléments dans ce qui suit :

1er  évènement (Verset 16) : la dernière trompette, il s'agit d'une voix d'archange. Regardons à quel moment de l'Apocalypse il nous est parlé de la dernière trompette.

2ème  évènement : Le Seigneur descendra du ciel. Nous ne serons donc pas «enlevés au ciel» comme certains ont pu le comprendre par une lecture trop rapide mais « à la rencontre du Seigneur », ce qui est différent.

3ème  évènement : Les morts en Christ ressusciteront. Regardons dans l'Apocalypse où se situe la première résurrection et ce que la prophétie en dit précisément, quel est son contexte, les évènements qui précèdent et ceux qui suivent.

4ème  évènement (verset 17) : nous serons « emportés », « enlevés ».

D'abord, souvenons-nous que nous serons « enlevés » après la résurrection qui a été mentionnée. Le terme « enlevés » peut être traduit par « pris », ce qui rejoint la parole de Jésus : « L'un sera pris, l'autre laissé. » S'agit-il d'un « enlèvement » au sens spectaculaire de « Left Behind » (Le livre best-seller américain) ? Vraiment ? Ou bien peut-on le concevoir légèrement différemment, sans contredire pourtant sa réalité et le sens du texte ?

Verset 18 : Consolez-vous par ces paroles. C'est là aussi le but de tout le discours de Paul, Silas et Timothée. Ne perdons pas de vue pourquoi ils écrivent aux Thessaloniciens. À trop vouloir se focaliser dans notre imagination sur un enlèvement physique, on pourrait bien s'égarer un peu.

Voyons maintenant de plus près le terme grec traduit par « enlevés » :

« harpazo » est un terme grec trouvé 13 fois dans le N.T. (N°Strong 726). Ce terme peut être traduit en français par s'emparer, emporter, enlever, prendre, ravir, arracher...

Voyons d'autres passages du Nouveau Testament qui emploient ce terme et comment cela peut nous aider à en saisir le sens :

Matthieu 13.19 : parabole du semeur, le malin « enlève » ce qui a été semé, même terme.

Jean 6.15 : Jésus sachant qu'ils allaient venir « l'enlever » (le prendre) pour le faire roi, même terme.

Jean 10.12 : Le loup « ravit » (prends, s'empare, arrache) des brebis, même terme.

Jean 10.28 et 29 : Personne ne les « ravira » (prendre, enlever) de ma main, même terme.

Actes 8.39 : Philippe « enlevé » aux yeux de l'eunuque éthiopien. Même terme.

Actes 23.10 : Le tribun fit descendre ses soldats pour « enlever » Paul de l'émeute.

2 Corinthiens 12.2 : « Je connais un homme qui fut «ravi» (enlevé, pris) jusqu'au 3e ciel... » Il est intéressant de noter que Paul dit à deux reprises qu'il ne sait pas si c'est dans son corps. On peut également se poser honnêtement la question au sujet de 1 Thessaloniciens 4.

Jude 1.23 : Sauvez-en d'autres en les « arrachant » (enlevé, saisi, pris) du feu. (Ce texte n'est pas à prendre au sens propre mais au sens figuré).

Il existe encore d'autres passages mais je m'arrête là.

Il apparaît donc clairement que le terme « enlevé » dans le Nouveau Testament ne parle pas forcément d'un enlèvement physique, il ne s'agit pas forcément d'une disparition physique, pas toujours. Il n'est pas toujours non plus à prendre au sens propre.

Mais, le verset 17 de 1 Thessaloniciens nous parle d'être pris «dans les airs» ce qui précise le fait. Dans les airs ? Qu'est-ce que cela signifie ? Que sont ces «airs» ? Pour un occidental du XXe siècle, les airs signifient « l'atmosphère physique ». Mais cela signifie-t-il la même chose pour un homme juif d'il y a 2000 ans ? Un homme juif inspiré par l'Esprit qui plus est, et parlant souvent de réalités spirituelles parfois difficiles à saisir comme l'a dit Pierre. Jésus disait : «Si vous ne croyez pas quand je vous ai parlé des choses terrestres, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses célestes ?» Jean 3.12.

« Les airs », qu'est-ce que cela signifiait pour Paul, Silas et Timothée, les auteurs de cette lettre aux Thessaloniciens.

Voyons si le grec peut nous aider :

«aer» est un terme Grec trouvé 7 fois dans le N.T. (N° Strong 109).
Ce terme peut être traduit en français par : air, atmosphère. Il vient de « aemi « (respirer inconsciemment) ;  par analogie, souffler. Tiens, il est intéressant de se souvenir des passages où il est parlé du «souffle» de Dieu, l'Esprit, et dans la Genèse où «Dieu souffla». Pour saisir le sens d'un passage, nous ne devons pas seulement trouver l'étymologie d'un mot mais son sens dans l'époque et pour la culture des auteurs qui s'expriment. Un exemple, si je dis : « Il fait un temps de chien », l'étymologie  du mot « chien » ne me renseigne en rien sur le sens de la phrase. Pour comprendre la phrase il faut connaitre les expressions du français de l'époque où on l'utilisait. Jésus et les apôtres utilisaient parfois des expressions hébraïques que comprenaient immédiatement leurs contemporains hébreux.

Voyons d'autres passages qui utilisent ce terme grec traduit par « air » :

Actes 22.23 : « Ils jetèrent de la poussière dans les airs » (Physiquement).

1 Corinthiens 14.9 :  « Si personne ne vous comprends, vous parlerez en l'air » (c'est une expression).

Il existe d'autres textes : Ephésiens 2.2 ; Apocalypse 9.2 ;  mais j'arrête là.

À nouveau, le même mot « air » ne signifie pas forcément « l'air physique » parfois mais pas toujours. Une chose très intéressante, c'est que d'autres traductions ne disent pas « airs » mais nuées, « emportés sur des nuées ». Nuées, nuages, nues, vapeur, ciel. Ce terme « nuées » est très intéressant à considérer.

Matthieu 26.64 : « De plus, je vous dis : dorénavant vous verrez le fils de l'homme assis à la droite de la puissance, et venant sur les nuées du ciel. »

Matthieu 17.1-8 : La transfiguration : Il parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse les couvrit et voilà que du sein de la nuée une voix dit : « Celui-ci est mon fils bien-aimé...»

Apocalypse 1.7 : « Il vient avec les nuées et tout œil le verra. »

Aussi dans : Marc 13.26 ; Marc 14.62 ; Deutéronome 4.11 ;  Deutéronome 33.26 ; Psaumes 68.34 ; Psaumes 97.2 ; Psaumes 104.3 ; Ézéchiel 30.3.

Cette nuée nous rappelle aussi la nuée qui se tenait au dessus du Tabernacle dans le désert avec le peuple d'Israël, la gloire de Dieu.

Dans les «airs», « sur les nuées », une nuée lumineuse, la gloire de Dieu manifestée. Il se peut fort que nous ayons mal compris et spéculé sur un enlèvement hollywoodien qui n'arrivera peut-être jamais. La gloire de Dieu, elle, ne manquera pas de se manifester et nous serons pris avec Christ pour être toujours avec Lui.

Conclusion

Le problème de notre époque c'est que nous désirons toujours une conclusion. Et une conclusion rapide s'il vous plaît. On veut comprendre tout et tout de suite. C'est vrai, après tout, on n'a pas que ça à faire, on a un match de foot à regarder et une pizza à finir. C'est ainsi qu'avec la Bible on se trompe souvent, en voulant aller trop vite. Avec Dieu, il faut laisser mûrir. Dieu parle dans un murmure doux et léger paraît-il, alors, restons calme.

Un enlèvement ? Il est certain que nous serons pris avec le Seigneur dans sa gloire pour être avec Lui. De là à spéculer sur la manière... Les juifs de l'époque de Jésus connaissaient bien les textes concernant le Messie, et pourtant, quand il est venu, ils l'ont raté. Soyons prudent, sage, de peur que cela ne nous arrive également.

Laissons le Seigneur nous éclairer, après tout, c'est lui qui sait.