dimanche 24 avril 2016

Les trois tentations du christianisme


Je conseillerais à chacun de lire le livre de Watchman Nee « L'Homme spirituel ». L'auteur nous y explique le fonctionnement de l'âme : les émotions, l'intelligence, la volonté. Il nous encourage à entrer dans une vie spirituelle conduite par l'Esprit de Dieu (qui est celle du Corps de Christ en croissance et pas seulement de l'individu en Christ), comme cela nous est enseigné par les apôtres dans le Nouveau Testament. J'aimerais parler ici des trois tentations du christianisme que l'on peut discerner dans son histoire et dans notre temps. Il y a trois grandes tendances dans les églises, quelles que soient leurs doctrines, quels que soient leurs leaders, quelles que soient leurs convictions, quelle que soit leur théologie et leurs pratiques. Elles prennent appui sur ses trois points qui sont des composantes de l'âme humaine : l'intelligence, la volonté, les émotions.

Nous trouvons un christianisme de l'intelligence qui axera l'église sur des études, des compréhensions, des théologies et des doctrines au détriment des autres points. Le plus important sera alors de croire la bonne doctrine et non pas d'être transformé à l'image de Christ.
Nous trouvons un christianisme de la volonté qui axera l'église sur les œuvres, les actions, le travail pratique au détriment des autres points (On voit un exemple de cela dans la prière quand on définit un programme selon notre volonté et qu'on demande à Dieu de le bénir. Bien souvent nos prières, individuelles ou collectives, sont le fruit de notre désir et de notre volonté. On voit aussi ce principe dans les œuvres diverses de l'histoire de l'église, souvent chez les catholiques. Ces œuvres sont bonnes et utiles mais elles doivent être un fruit pas un moteur.)
Nous trouvons enfin un christianisme des émotions qui axera l'église sur les sensations, le sensationnel, le ressenti, le bien être, le plaisir, la bénédiction, l'enthousiasme. C'est très en vogue aujourd'hui (notamment dans la louange émotionnelle, les prédications émotionnelles - soit celles qui veulent faire peur, soit celles de la pensée positive, les croyances sur les temps de la fin plus inspirées de nos sensations que des Écritures).
Peut-être que dans chaque époque une de ces formes a dominé les églises selon ce qui dominait le monde. Aujourd'hui, c'est l'émotionnel qui domine le monde et on constate cette influence dans les assemblées. Par ailleurs, certaines dénominations chrétiennes sont davantage axées sur tel ou tel de ces points. Chacun pourra y réfléchir et analyser ce qui l'entoure.
Mais hélas, nous axer sur l'un de ces trois points est un déséquilibre pour tous le corps et un égarement pour la vie. Ce sont des christianismes qui s'appuient sur les capacités et les fonctionnements de l'âme humaine, ce sont des christianismes de l'Homme. L'Homme et ce qu'il pense, l'Homme et ce qu'il veut, l'Homme et ce qu'il ressent. C'est l'Homme qui est au centre de tout (son salut, sa bénédiction, son onction, ses compréhensions, ses œuvres, etc.) et non plus Christ. C'est alors l'âme de l'Homme qui est l'inspiration des assemblées et non plus le Saint-Esprit. Cela n'est pas l'évangile de Jésus-Christ. L'œuvre de Christ est de nous conduire à la croix, dans une mort et une résurrection, pour nous donner une vie nouvelle, la sienne, qui ne se fonde pas sur ces trois points mais sur son Esprit. Cela ne signifie pas que nous n'aurons plus d'émotions, plus de réflexion, plus d'actions (nous ne perdons pas notre âme) mais plutôt que nous ne serons plus conduits par nos émotions, notre intelligence ou notre volonté. Au contraire, notre intelligence sera éclairée par l'Esprit, nos émotions suivront le fruit de l'Esprit et notre volonté fera la sienne dans une union de cœur. Cela demande de la croissance, de la maturité. Cela demande des prises de conscience aussi et d'abandonner nos christianismes de l'âme pour chercher sérieusement une vie de l'Esprit. Cela demande du temps et donc de la patience.

Que Dieu nous aide et nous y conduise.

Didier Millotte – Sept. 2015

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