dimanche 10 avril 2016

Chronique d'une dérive










Lorsque les apôtres étaient là, ils enseignaient l'Eglise parce qu'ils avaient reçu la révélation de Dieu concernant la seconde alliance et la nouvelle création en Jésus-Christ. Ils enseignaient et corrigeaient les erreurs, combattaient les dérives, gnostiques ou autres, qui se présentaient à ceux qui, issus du judaïsme ou du paganisme, découvraient la vie spirituelle et le Royaume de Dieu.

Après la mort des apôtres, ceux qui avaient reçu leur enseignements directement ont continué l'oeuvre, l'annonce de l'évangile et le développement des communautés. Ils étaient les premiers disciples des apôtres et les dépositaires de leurs écrits (notre actuel Nouveau Testament). Cette génération fidèle, souvent martyr, disparue à son tour. Le monde changeait, on passait de la fin de l'empire romain au Moyen-âge, on évoluait du grec au latin, l'église dérivait petit à petit, lentement, peut-être imperceptiblement. De fausses doctrines se mettaient en place, des mélanges se faisaient, notamment entre des notions du paganisme et l'enseignement contenu dans les écrits des apôtres, du paganisme et des philosophies grecques. On perdait petit à petit le sens de ce que voulait dire les apôtres dans leurs épitres et leurs évangiles, on perdait de vue la signification de la première alliance, on perdait le sens de la pensée hébraïque transmis en langue grecque, on perdait le grec comme nous nous avons perdu notre latin. Progressivement, le catholicisme se mit à régner sur l'Europe et à définir le christianisme, drainant avec lui ses mélanges, ses erreurs, ses incompréhensions, ses interprétations, ses malhonnêtetés et ses égarements. Sa vision éloignée de celle des apôtres devint la norme.

Le catholicisme mis en place un certain nombre de fonctionnements et de croyances sans rapport avec la pensée des apôtres et sans fondement biblique. Un de ces principes, qui a imprégné les églises jusqu'à notre époque, c'est le fait que la Bible ne pouvait être lue, comprise et interprétée par le peuple. Pour la comprendre et l'enseigner, il fallait des personnes consacrées à cela, des professionnels, un clergé sur une estrade. Ce clergé dominant lisait la Bible et en donnait l'interprétation, la manière de la comprendre, la manière de l'appliquer, sans confrontation ni remise en question possible. Chacun devant écouter et croire ce qu'on lui disait du haut de la chaire.

Martin Luther et d'autres sont arrivés et ont remis en questions certains dogmes, certaines croyances, certaines pratiques de l'église de leur temps. Ils ont entrepris un travail d'éclairage et de réforme salvateur mais hélas incomplet. Ils n'ont pas tout corrigé, ils n'ont pas tout ramené à la pensée des apôtres comme on a pu le croire. Si ils ont redécouvert la notion de prêtrise universelle, la prêtrise de chaque personne en Christ, mettant ainsi fin aux prêtres dirigeants des paroisses et enseignants les Ecritures, ils n'ont pas réussi toutefois à ce que cette réalité soit vécu comme au temps des apôtres. En effet, aujourd'hui encore, dans les assemblées évangéliques, le même principe demeure : des « professionnels » étudient les Ecritures et en donnent les explications selon leurs convictions personnelles et selon les doctrines de leur mouvement. Ce principe, issu du catholicisme, est perpétué aujourd'hui par la pratique de la prédication du dimanche matin et par l'autorité (une autorité institutionnelle et non pas spirituelle) que donne un titre de pasteur et une position de dominant sur un peuple. Tout comme dans le catholicisme à l'époque, la plupart des chrétiens écoutent ce qu'on leur prêche et le croient, c'est tout. Si il ne faut pas soupçonner le mal, il se peut toutefois que de grandes erreurs continuent à nous être enseigées, et pour le voir, il nous faut sortir d'une attitude de réception passive et revenir à un travail d'étude actif. Dans cette idée, on fait souvent référence aux juifs de Bérée qui vérifiaient si ce qu'on leur disait était exact. C'est une référence saine. Ils se plongeaient dans les Ecritures pour discerner ce que l'apôtre Paul leur annonçait.

Aujourd'hui, il nous faut sortir complètement de ce principe catholique ancestral : il n'y a pas de clergé professionnel dans l'Eglise de Christ dans la pensée de Dieu pour son peuple et il ne doit pas y en avoir. Chacun possède l'Esprit et la Parole, chacun se doit d'étudier, de chercher, de trouver le sens des Ecritures, de le confronter avec ce que comprennent les autres, et d'appliquer pour sa vie ce que Dieu lui montre. Cela ne peut pas se faire d'une manière isolée ou supérieure, bien évidemment, mais plutôt en interaction avec l'ensemble du Corps, les frères et soeurs de différents horizons (et non pas seulement avec ceux qui pensent la même chose que vous et qui ne connaissent que l'unique son de cloche, toujours le même, tinté tout les dimanches matins de la même estrade.)

L'Eglise a besoin d'une nouvelle réforme, elle doit retrouver la vision des apôtres, le sens exact de leur pensée, l'ampleur glorieuse de la seconde alliance. Pour cela nous devons cesser de croire un « clergé professionnel » qui nous dit comment comprendre et comment penser et comment vivre. Nous devons étudier les Ecritures par nous-mêmes et nous attendre à ce que Dieu nous instruise selon sa pensée et nous guide dans ses voies.


Didier Millotte – Août 2015

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