Je
conseillerais à chacun de lire le livre de Watchman Nee « L'Homme
spirituel ». L'auteur nous y explique le fonctionnement de
l'âme : les émotions, l'intelligence, la volonté. Il nous
encourage à entrer dans une vie spirituelle conduite par l'Esprit de
Dieu (qui est celle du Corps de Christ en croissance et pas seulement
de l'individu en Christ), comme cela nous est enseigné par les
apôtres dans le Nouveau Testament. J'aimerais parler ici des trois
tentations du christianisme que l'on peut discerner dans son histoire
et dans notre temps. Il y a trois grandes tendances dans les églises,
quelles que soient leurs doctrines, quels que soient leurs leaders,
quelles que soient leurs convictions, quelle que soit leur théologie
et leurs pratiques. Elles prennent appui sur ses trois points qui
sont des composantes de l'âme humaine : l'intelligence, la volonté,
les émotions.
Nous trouvons un christianisme de
l'intelligence qui axera l'église sur des études, des
compréhensions, des théologies et des doctrines au détriment des
autres points. Le plus important sera alors de croire la bonne
doctrine et non pas d'être transformé à l'image de Christ.
Nous trouvons un christianisme de
la volonté qui axera l'église sur les œuvres, les actions, le
travail pratique au détriment des autres points (On voit un exemple
de cela dans la prière quand on définit un programme selon notre
volonté et qu'on demande à Dieu de le bénir. Bien souvent nos
prières, individuelles ou collectives, sont le fruit de notre désir
et de notre volonté. On voit aussi ce principe dans les œuvres
diverses de l'histoire de l'église, souvent chez les catholiques.
Ces œuvres sont bonnes et utiles mais elles doivent être un fruit
pas un moteur.)
Nous trouvons enfin un
christianisme des émotions qui axera l'église sur les sensations,
le sensationnel, le ressenti, le bien être, le plaisir, la
bénédiction, l'enthousiasme. C'est très en vogue aujourd'hui
(notamment dans la louange émotionnelle, les prédications
émotionnelles - soit celles qui veulent faire peur, soit celles de
la pensée positive, les croyances sur les temps de la fin plus
inspirées de nos sensations que des Écritures).
Peut-être que dans chaque époque
une de ces formes a dominé les églises selon ce qui dominait le
monde. Aujourd'hui, c'est l'émotionnel qui domine le monde et on
constate cette influence dans les assemblées. Par ailleurs,
certaines dénominations chrétiennes sont davantage axées sur tel
ou tel de ces points. Chacun pourra y réfléchir et analyser ce qui
l'entoure.
Mais hélas, nous axer sur l'un de
ces trois points est un déséquilibre pour tous le corps et un
égarement pour la vie. Ce sont des christianismes qui s'appuient sur
les capacités et les fonctionnements de l'âme humaine, ce sont des
christianismes de l'Homme. L'Homme et ce qu'il pense, l'Homme et ce
qu'il veut, l'Homme et ce qu'il ressent. C'est l'Homme qui est au
centre de tout (son salut, sa bénédiction, son onction, ses
compréhensions, ses œuvres, etc.) et non plus Christ. C'est alors
l'âme de l'Homme qui est l'inspiration des assemblées et non plus
le Saint-Esprit. Cela n'est pas l'évangile de Jésus-Christ. L'œuvre
de Christ est de nous conduire à la croix, dans une mort et une
résurrection, pour nous donner une vie nouvelle, la sienne, qui ne
se fonde pas sur ces trois points mais sur son Esprit. Cela ne
signifie pas que nous n'aurons plus d'émotions, plus de réflexion,
plus d'actions (nous ne perdons pas notre âme) mais plutôt que nous
ne serons plus conduits par nos émotions, notre intelligence ou
notre volonté. Au contraire, notre intelligence sera éclairée par
l'Esprit, nos émotions suivront le fruit de l'Esprit et notre
volonté fera la sienne dans une union de cœur. Cela demande de la
croissance, de la maturité. Cela demande des prises de conscience
aussi et d'abandonner nos christianismes de l'âme pour chercher
sérieusement une vie de l'Esprit. Cela demande du temps et donc de
la patience.
Que Dieu nous aide et nous y
conduise.
Didier Millotte – Sept. 2015