vendredi 3 novembre 2017

La cité des versets

Nous participons souvent à des discussions sur les réseaux sociaux, facebook, des blogs, en mettant des commentaires dans des discussions sur un sujet des Ecritures, sur l'Eglise, la vie spirituelle, etc. Beaucoup de commentaires, de débats, de discussions, de contradictions. Tout d'abord, j'aimerais rappeler combien c'est une chance pour tous de pouvoir s'exprimer, discuter, questionner, répondre, écouter, comprendre de nouvelles choses, entendre un point de vue différent de ce qu'on a l'habitude de nous dire et de pouvoir ainsi y réfléchir, découvrir un autre regard, avoir une explication plus précise, etc. Cela va nous enrichir, nous aider à mieux comprendre ce que la Bible enseigne à condition que nous restions dans un état d'esprit positif, gentil, étant à l'écoute, prenant le temps de lire, relire et réfléchir à ce qui est partagé. 

J'aimerais poser ici une réflexion concernant l'utilisation que l'on fait de la Bible, les citations de versets qu'on voit souvent dans des commentaires et dans les milieux évangéliques. D'abord, soyons bien conscient que les autres connaissent aussi bien que soi les textes et les citations qu'on peut faire de divers passages bibliques. Citer des versets n'explique rien. Partons plutôt de l'idée que l'autre les connaît déjà très bien. Cité un verset ne suffit pas parce qu'on peut ne pas avoir bien compris l'idée de l'autre, parce qu'on peut ne pas en avoir bien compris un verset, parce qu'on peut en tordre le sens en l'exprimant dans un contexte inapproprié. On utilise trop souvent des versets pour confirmer ce qu'on croit déjà au lieu de comprendre le sens d'un texte pour savoir ce qui est vrai, ce qu'il dit vraiment. 

Chaque verset à un contexte et le contexte donne sens au texte. Un verset n'a pas forcément le sens qu'on veut lui donner quand on le cite hors de son contexte et parfois nous lui donnons un sens contraire à ce que l'auteur a voulu dire. Par exemple : "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil." a un sens par rapport à tout ce que veut exprimer l'Ecclésiaste. Cela ne signifie pas qu'il n'y a jamais rien de nouveau de manière absolue dans toute la création de Dieu de ses débuts à la fin. L'Ecclésiaste parle de la vie humaine, pas de l'oeuvre de Dieu dans sa totalité. Ainsi, Paul, qui connaissait bien ce texte lu dans les synagogues, pouvait dire : "L'important est d'être une nouvelle création..." Si Dieu ne faisait rien de nouveau il ne pourrait pas y avoir de nouvelle création. L'Ecclésiaste dit qu'il n'y a rien de nouveau dans la vie humaine dans le sens où tout les humains vivent les joies, les peines, les efforts, les blessures, les guerres, le travail, les désirs, depuis toujours. Mais chaque être humain qui naît est tout de même un être nouveau dans le monde. Si on guerre apparaît, c'est une nouvelle guerre pour ceux qui la vive mais ce n'est pas nouveau qu'il y ait des guerres dans l'Humanité. Il nous faut réfléchir à ce qu'on lit pour bien le comprendre, prendre le temps d'y réfléchir au lieu de répéter des versets tout le temps, se demander ce que cela signifie, ce que l'auteur a bien voulu dire par là à ce moment là et si cela concerne tout ou seulement un aspect des choses, celles dont traite le passage en question. 

Autres exemples, ce que j'appelle les contre-points : On entend souvent : "Soyez comme de petits enfants..." mais on entend rarement "Soyez des Hommes adultes" (1 Corinthiens 16;13). Il est écrit : "Sans moi vous ne pouvez rien faire." mais aussi : "Faites tout vos efforts." Il est écrit "La connaissance enfle..." (ce qu'on entend souvent pour dénigrer l'intelligence et la connaissance alors que Dieu nous encourage à l'intelligence et à la connaissance - Regarder tous les versets des Psaumes et des Proverbes qui concernent l'intelligence) mais aussi "Donne-moi l'intelligence pour que je comprenne tes commandements." (Ps 119) et "La sagesse appartient à l'Homme intelligent." (Prov. 10;23). Il vaut mieux comprendre le sens de l'ensemble des Ecritures plutôt que connaître certains versets par coeur et de les utiliser sans discernement. La Bible n'a pas été écrite avec des versets à citer mais pour exprimer une pensée complète, profonde, subtil et riche. Il nous faut sortir d'un schéma trop simpliste, d'une lecture trop littérale, au premier degré. L'esprit plutôt que la lettre.

A ce sujet je vous conseille vivement de lire le chapitre 6 du livre de Frank Viola sur l'utilisation des Ecritures. C'est très éclairant et édifiant. 

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    J'apprécie toujours autant vos réflexions qui sont très claires et justes, cela fait du bien! J'ai remarqué que vous aviez "disparu" des réseaux sociaux, ce que j'ai trouvé bien dommage, car vos réflexions relevaient "le débat". Vous avez certainement vos raisons. Enfin, je me permettrai de soumettre à votre analyse une conception chrétienne que l'on entend un peu partout et utilisée à tort et à travers, à mon sens : "faire l'oeuvre de Dieu".En vous remerciant.

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  2. Bonjour,
    Merci pour votre message et vos encouragements qui m'aide à avancer dans ma démarche de réflexion, d'étude et de partage.

    "Faire l'oeuvre de Dieu" voilà un très bon thème qui soulève bien des points. Il y a beaucoup à dire, il y a plusieurs aspects à aborder. J'y reviendrai plus tard pour exprimer quelques idées. Bien trop souvent on croit faire l'oeuvre de Dieu alors qu'on fait notre oeuvre pour Dieu (ou pour nous-même au fond) par nos capacités, avec nos idées, motivés par nos convictions influençant ou manipulant les autres pour qu'ils se joignent à nous, les culpabilisants éventuellement s'ils ne collaborent pas dans notre oeuvre qu'on étiquette "l'oeuvre de Dieu". Un peu comme on dit avant une prédication "Maintenant on va écouter la Parole de Dieu" alors qu'on va simplement écouter ce que croit et comprend un homme avec sa formation, son expérience, son arrière plan culturel, religieux, etc. Ce n'est pas parce qu'on commente la Bible que ce qu'on dit est la Parole de Dieu, ce n'est pas parce qu'on affirme quelque chose en citant des versets que c'est forcément vrai. On peut se tromper ou avoir été mal enseigné sur un sujet ou un autre. Pour l'instant, je peux conseiller les livres de Watchman Nee et T. Austin-Sparks ainsi que les enseignements de Serge Tarassenko (liens dans la colonne de droite) qui abordent profondément ce sujet, bien mieux que je ne pourrais le faire.

    Concernant mon expression dans les réseaux sociaux, effectivement je commence à prendre du recul, avec regrets. J'ai été très actif ces dernières années, j'ai beaucoup discuté, partagé sur différentes pages, dans différents groupes. Je me suis d'abord retiré du groupe "SEF" dont j'étais l'un des trois gérants. Ce groupe a été fermé depuis. Je me suis ensuite retiré du groupe "Eglise organique" puis de certaines pages personnelles de facebook. C'est toujours un questionnement pour moi. Je me retire à cause de discussions vaines qui me perturbent, à cause de commentaires méprisants, méchants, accusateurs, moqueurs qui me blessent fortement, à cause d'un certain état d'esprit... comment le définir ?... citer des versets sans les comprendre et sans prendre le temps d'y réfléchir, utiliser les Ecritures pour défendre une conviction au lieu de chercher à en saisir le sens, ne pas comprendre des articles clair et précis, manquer d'écoute, affirmer des points particulièrement étonnants mais sans explication ni argumentation solide, sans ouverture à un point de vue contraire, sans une écoute honnête pour voir ce qui est vrai, des personnes qui affirment des erreurs mais qui refusent d'en discuter... etc. J'aimerais continuer à écrire des articles (j'en ai plusieurs sur le feu), qui sont le fruit de mes lectures, de mes réflexions, de mes prières et continuer à partager. Mais comment, où, avec qui ? Autour de moi "en direct" et sur le net mais dans des dialogues constructifs, intelligents, intéressants, honnêtes, sensés et gentils. On verra la suite du chemin...

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